Date : | 11/09/2014 |
Difficulté : | Facile |
Accompagnateur : | R. Giraudin |
Coordonnées UTM : | |
Participants : |
40 |
Départ : | 31T 0710123 4888917 |
Longueur : | 11,1 km | Pique Nique : | |
Dénivelée : | 295 m | Autres : | |
Carte IGN TOP 25 n° : | 3240 OT |
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Position par rapport à Buis-les-Baronnies : | 55 km SE |
Commentaires techniques :
Départ sur le sentier GRP Tour de la montagne de Lure, après le gîte d'Etape "Tinette" au Nord de la commune de Contadour, position (31T 0710123 4888917) Alt. 1238 m ; prendre plein Nord en montée moyenne, pour retrouver le GRP, passer devant une bergerie complètement réabilitée, "Le Jas des Roux", obliquer à droite, azimut moyen N.N.E. sur 200 m, puis N.O. sur 500 m et enfin Nord jusqu'à la ligne de crête de "La Faye", passer au dessus d'une bergerie en ruine "Le Jas des Agneaux", au point précis (31T 0711474 4891812) descendre dans le talweg, azimut moyen 228°, pour retrouver un chemin pastoral, le suivre plein Sud, passer devant une bergerie puis une citerne, poursuivre sur 2,5 km dans "Le ravin du fond de brune", au point (31T 0710019 4888081) retrouver un chemin bitumé, passer sous le gîte d'étape de Tinette pour retrouver votre point de départ.
C. Malbois
Compte-rendu :
Nous avions souhaité, au terme de notre dernière randonnée de la saison 2013-2014, retrouver plus souvent nos amies de Ferrassières qui nous avaient emmenés parmi les lavandes du plateau de Sault... Nous avons été exaucés car la programmation de ce début de saison 2014-2015 nous ramène sur un territoire que connaissent bien Reine, Jacquotte et Maurice : la Montagne de Lure, petite sœur du Mont-Ventoux, dont Giono fit le théâtre de plusieurs de ses œuvres et où il tourna son film « Crésus » en 1960. C'est un circuit qui nous conduira de cabanes en bergeries que nous a préparé Reine qui a donné rendez-vous à une quarantaine de Randouvéziens devant le monument dédié à Jeanne la Pucelle protectrice du village de Ferrassières en parfait accord avec son collègue Saint-Julien : quels meilleurs augures pourrions-nous souhaiter ? Un convoi d'une dizaine de voitures s'achemine vers Le Contadour où nous devons commencer la balade.
La petite route que nous empruntons nous met déjà en condition au milieu de ce paysage provençal de pierre blanche et de végétation faite de pins, de hêtres et de chênes. Un bref arrêt des voitures devant la stèle de Redortiers rappelle qu'ici aussi la Résistance fut active... Nous passons le hameau du Contadour où Giono séjourna de 1935 à 1939 avec quelques intellectuels pacifistes, juste avant la déclaration de Guerre... Nous parvenons au hameau de Tinette (1210 mètres), où cette petite route se termine et mettons sac au dos.
C'est ici, en effet, que démarre notre déambulation sur les premières pentes de la Montagne de Lure, riche d'histoires et de légendes, pays sévère et dur pour les paysans qui en exploitèrent les ressources essentiellement pastorales. La piste puis le sentier empruntés nous mèneront rapidement (le temps d'amorcer quelques conversations de retrouvailles) jusqu'à notre première étape remarquable du jour : le Jas des Terres du Roux (1280 mètres). Le bâtiment que nous découvrons est remarquable, restauré avec beaucoup de soin, il est désormais classé comme monument historique. C'est un témoignage de la technique utilisée pour construire ces édifices de pierre sèche communément appelées aujourd'hui « bories », terme dont l'origine et l'étymologie sont discutées. Ce mot viendrait, selon toute vraisemblance, du provençal bori (mot masculin avec un accent grave sur le o) qui désignait au XIXème siècle une masure ou une cahute après avoir été l'appellation aux XVIIème et XVIIIème siècles d'une ferme ou une métaierie. Le mot a été francisé et modernisé avec le développement du tourisme rural au siècle dernier pour désigner plus généralement une cabane en pierre sèche.
Notre périple nous fera donc découvrir plusieurs de ces « bories », en plus ou moins bon état et de dimensions très variables. Le Jas des Terres du Roux est, évidemment, intéressant dans la mesure où il présente un ensemble architectural complet, avec sa citerne alimentée par les eaux pluviales astucieusement récupérées grâce à un travail précis qui permet à l'eau de ruisseler jusqu'au réservoir ! En poursuivant notre chemin, empruntant les drailles utilisées par les troupeaux, nous verrons d'autres exemples de ces bâtisses disséminées sur le plateau que nous parcourons ainsi. Parvenus sur le chemin de crête, la Bergerie des Agneaux nous sert de point de repère. En longeant la crête, jusqu'au sommet de Larran (1379 mètres), quelques arrêts permettent de scruter les montagnes qui nous entourent : bien entendu, le Ventoux pointe tout là-bas, avec en premier plan l'observatoire CosmoDrôme perché sur la Montagne de Bergiès. Dans la vallée, les hameaux de Montfroc, de Curel, des Agnières... Même Chamouse nous présente sa face la plus abrupte... Et le Pied du Mulet...
Aux Fraches, un jas en ruines mais dont la structure reste intacte découvre son squelette dont les arches bien conservées reliées par des poutres permettent de mieux comprendre la technique de construction et la façon dont l'édifice est assis solidement au sol pour résister au temps et aux intempéries, comme une modeste cathédrale rustique. Les cabanes de la Montagne de Lure sont aussi le témoignage du travail des hommes, sur ces terres difficiles à cultiver où le pastoralisme fut et reste l'activité principale. Aujourd'hui encore, l'élevage des ovins y est pratiqué de façon exclusive... Les traces en sont toutes fraîches et odorantes sur les prairies que nous traversons ! Reine nous apprend que l'on faisait paître autrefois des bovins sur ces prairies pourtant maigres voire arides... Surprenant ! En tout cas, cette terre fut de tout temps une terre de transhumance dont les drailles dateraient de la préhistoire, au temps où l'élevage commença d'être pratiqué par nos ancêtres. Ses alpages, dès le Moyen-Age, accueillirent en été les ovins de la Crau et à l'automne, dans ses « glandages », les porcs venus du Verdon. Nos Randouvéziens, aujourd'hui, semblent préférer eux aussi la marche en troupeau plutôt qu'en file bien organisée !
Nos sorties sont toujours l'occasion d'enrichir nos connaissances de l'environnement dans lequel nous évoluons, faune, flore, géologie. La formation géologique de la Montagne de Lure est identique au Plateau d'Albion, qu'elle jouxte et au Mont-Ventoux qu'elle prolonge. Elle est le maillon oriental d'un massif karstique dont la faille de Nimes à l'Ouest et la faille de la Durance à l'Est constituent les limites, avec la même orientation Est-Ouest. La flore y est riche et Jean a pu faire une collecte photographique intéressante pour compléter son fichier des plantes de nos territoires... Œillet sauvage (dianthus sylvestris), sauge sclarée dont les vertus anti-inflammatoires sont reconnues et qui produit une huile essentielle très odorante, colchique, carline et autres chardons... Une curiosité à ne pas manquer : un champ de vipérine, qui aurait cru que l'on cultivât cette plante pourtant réputée pour ses qualités mellifères ? A y regarder de plus près, il s'agit d'un champ de lavande dont les jeunes pousses sont envahies par cette plante éminemment intéressante puisque ce territoire a fait de la production de miel une activité importante. Vous souhaitez en savoir davantage... Jean continue d'augmenter au fil de nos randonnées son album des plantes rencontrées au cours de nos pérégrinations, un travail utile à consulter !
Je vous avais bien dit que cette randonnée serait une agréable déambulation, à la découverte des richesses de ce coin de Provence !... Que dites-vous ?... Je n'ai pas parlé de gastronomie ?... Je crois deviner une allusion aux talents de Jacquotte et de Reine : oui, nous avons dégusté une délicieuse terrine, des confitures maison, des croquants préparés par nos guides... Et d'autres plaisirs sucrés et breuvages bachiques... Que dites-vous ? Non, ce ne peut être un péché. N'en disons pas davantage, Randouveze pourrait voir affluer un nombre d'adhésions impossible à gérer. A propos des plaisirs du palais (pas ceux de l'Elysée, bien sûr), savez-vous que le nom de Lure viendrait du nom latin du dieu italique du vin, de la vigne et de la fécondité « Liber » assimilé à Bacchus, le « Liber Pater » des Romains.
Notre sortie se terminera en suivant une belle piste au milieu des prairies et des massifs forestiers de pins, de hêtres et de chênes, au détour de laquelle nous découvrirons encore quelques cabanons de pierre, parfois restaurés, parfois en ruines. Reine nous désigne la ferme où fut tourné le film « Crésus », réalisé par Giono lui-même : nous l'apercevrons au milieu d'une prairie. Ce film interprété par Fernandel et de nombreux seconds rôles bien connus à l'époque a un délicieux parfum de nostalgie et la saveur de l'accent chantant de la Provence... Allez donc revoir quelques séquences du film sur internet : vous y distinguerez aussi, en arrière-plan de la ferme, l'un de ces énormes fayards séculaires dont la circonférence nécessiterait les bras de plusieurs d'entre nous pour en faire le tour. Virginie (Virginia dolomitensis, espèce unique acclimatée en Baronnies), qui ne doute de rien, s'attaque au plus énorme d'entre eux, majestueux au centre d'un large espace dégagé.
Comme une sortie de Randouveze ne saurait se terminer sans une pause amicale et rafraîchissante, reprenant nos véhicules, nous irons jusqu'à Revest du Bion occuper les deux terrasses du café sous les platanes, créant une animation inhabituelle en cette fin de saison touristique... De cette bien belle journée nous remercions Reine, Jacquotte et Maurice, nos guides sympathiques et attentionnés qui ont la connaissance et l'amour de leur territoire.
G. Langlois.
Photographies : J. Gourault, J.-P. Servanton
Trace : C. Malbois
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