Miélandre par Le Bachas

 

Date : 28/05/2015
Difficulté :  Difficile
Accompagnateur :  V. Cortès
Coordonnées UTM :
Participants :  18 Départ : 31T 0675807 4930060  
Longueur : 13,9 km Pique Nique :
Dénivelée : 1150 m Autres :
Carte IGN TOP 25 n° : 3138 OT
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 40 km N

 

Commentaires techniques :

Départ « Le Bachas » selon l’IGN « Le Bachat » selon le panneau de lieu-dit position 31T 0675807 4930060 direction NO par une petite route goudronnée sur 650 m environ. Au point 31T 0675505 4930329 prendre à gauche (poteau) passer un portail métallique et monter jusqu’au Col d’Espréaux (poteau) à 896 m position 31T 0674894 4929372 franchir une première porte de clôture et passer tout de suite une deuxième porte à gauche ; emprunter un sentier herbeux jusqu’au poteau « Le Pin » à 930 m position 31T 0674665 4929237 d’où démarre la rude montée d’accès direct au sommet de Miélandre (dénivelée de 551 m sur 1.9 km) en sous bois d’abord puis en alpage ensuite.

Après avoir repris son souffle, longer la crête plein S jusqu’à un poteau position 31T 0674331 4927338, rejoindre en contrebas et plein N cette fois un sentier qui mène au " Col de Blanc " 860 m position 31T 0673484 4928448 prendre légèrement à droite le sentier qui ramène au poteau « Le Pin » puis au « Col d’Espréaux » à 2 km.

Au col prendre à gauche jusqu’à la « Ferme du Col », la contourner par la gauche et prendre plein N une piste - attention aux troupeaux et surtout au patou qui veille - arriver sur un patit plateau et prendre sur la droite la porte métallique, position 31T 0674590 4930490 la franchir et poursuivre sur 500 m environ avant de bifurquer direction SE pour entamer la descente sur la ferme « Perier du Col » et rejoindre Le Bachas.

Très belle randonnée à faire par temps sec et pas trop chaud ; nombreuses manipulations de « portes » de clôture.

 Viviane Cortès

Compte-rendu :

Les jeudis se suivent et ne se ressemblent pas… J’ai l’impression d’avoir déjà entendu cela récemment… Et c’est bien la réalité de ce mois de Mai fantasque et capricieux : un jour il vente et il fait froid, le lendemain c’est du grand beau temps, comme aujourd’hui au départ du hameau du Bachas, à proximité du village de Bouvières, où la bonne odeur des foins tout juste coupés embaume l’air. Le Festival de Cannes vient de se terminer mais aujourd’hui c’est une belle sélection de cannes, plus ou moins blanches mais bien galbées, que l’on peut découvrir… Et de bons mollets, il en faudra pour accéder à notre objectif du jour : le sommet de la Montagne de Miélandre.

Miélandre « la tendre » comme on la surnomme parfois se mérite, pas toujours prête à se rendre, et pour la prendre il ne suffit pas d’être tendre… Il faut aussi patience et volonté pour qu’elle se rende enfin à vous. Viviane conduira nos pas vers ce sommet et son choix n’est certes pas le plus facile car l’ascension par l’itinéraire choisi est vraisemblablement le plus pentu. A de vaillants Randouveziens il n’est rien d’impossible et 19 d’entre eux ont relevé le défi.

Les prémisses, comme dans toute belle rencontre, sont essentielles et la petite route qui depuis Le Bachas nous conduira au sentier permet de se mettre dans l’ambiance au milieu de ces beaux sommets nappés d’une légère brume matinale, annonciatrice d’une chaude journée. Gérard, serre-file du jour se fait un devoir de nous rappeler à une sage allure de départ ; il doit bien connaître les opulentes croupes baronniennes ! Jean-Pierre, amoureux inconditionnel de cette belle montagne, est impatient d’en découdre. Et pourtant, une jolie roulotte vernie, posée là, face à la vallée, inciterait presque à musarder et s’offrir une journée plus contemplative… comme l’heureux sous-préfet aux champs de notre écrivain provençal, Alphonse Daudet.

Passée la barrière qui ouvre le chemin aux randonneurs, le sentier devient plus rustique et mènera la troupe jusqu’au Col d’Espréaux (890 mètres). Le printemps a décoré les abords du sentier d’une flore nombreuse et variée qui fait le bonheur des photographes. Les genets embaument l’atmosphère. Quelques orchidées sont encore en fleur. A l’approche du col, de belles marnes grises apportent une petite note d’austérité avant d’aborder les pâturages épais et moëlleux qui entourent la Ferme du Col. Passons les clôtures électriques qui gardent les troupeaux. C’est ici un autre aspect des Baronnies que l’on peut découvrir avec ces prairies vertes et grasses où paissent quelques bovins, une image peu commune en Baronnies. De belles et fraîches marguerites ont fleuri, prêtes pour les déclarations en ce lieu qui respire la douceur. Longeant ce plantureux herbage pour éviter de fouler cette herbe riche, nous arriverons au poteau qui marque le début de l’ascension.

551 mètres de dénivelée pour 1,9 Km d’ascension, soit une pente de 25%, tel est le programme annoncé ! Que ne ferait-on pas pour approcher du ciel ? Arrêt technique pour s’alléger un peu mais aussi boire et s’alimenter… L’aventure démarre ici. Viviane autorise ceux qui le souhaitent à monter à leur allure, car le rythme des uns n’est pas toujours celui des autres et il importe de ne gêner personne dans sa progression. Il en ira ainsi jusqu’à l’arrivée sur la pelouse de notre belle montagne. Heureusement, la pente offre de beaux ombrages avec de nombreux fayards qui ont laissé à terre leur feuillage de la saison dernière, formant un tapis souvent glissant. Une belle clairière permet de s’attarder un peu au spectacle de la vallée, tout en soufflant au milieu des gentianes et coucous. En tout cas, c’est un bel effort comme on aime à en fournir de temps en temps.

Les premiers à parvenir sur la pelouse fleurie qui recouvre le sommet auront la chance de voir un quatuor de chamois dont la tranquillité aura été troublée par l’arrivée des randonneurs et, plus encore, le passage bruyant d’un avion de chasse à basse altitude. Les autres marcheurs ne pourront que constater la présence de crottes toute fraîches attestant de la présence du troupeau. Un regroupement s’impose avant d’attaquer la dernière pente en bordure de prairie et bientôt le sommet sera en vue. Les orchidées (orchis sureau) abondantes, encore visibles il y a quelques jours, sont déjà fanées mais globulaires, valériane, myosotis, gentianes printanières et même narcisses des poètes agrémentent la montée vers le sommet (1451 mètres) où, bien évidemment, la photo souvenir s’impose pour preuve de l’exploit (ne soyons pas trop modestes)… Les mouches qui ont colonisé le lieu nous invitent à reprendre le chemin, non sans avoir admiré ce panorama exceptionnel qui offre une vue parmi les plus belles sur l’ensemble des Baronnies, d’un côté, et le Pays de Dieulefit, de l’autre (Chamouse en serait jalouse, n’en déplaise aux amoureux de notre montagne préférée qui recevra bientôt notre visite pour les agapes de fin de saison). Le passage en crête est l’occasion d’admirer encore les sommets environnants. Une minuscule cabane de berger, en contrebas, nous rappelle la vocation pastorale de ces pâturages où nichent également de nombreux oiseaux, alouettes des champs et pipits rousseline notamment.

Et déjà s’annonce l’heure du repos et du repas : l’ascension en un temps dont nous n’aurions pas à rougir a peut-être creusé les estomacs et la salle à manger somptueuse que nous offre Miélandre incite à traîner un peu ici, le temps de dissiper notre ivresse… du sommet. Dans le ciel bleu, un couple de rapaces surveille le groupe : il s’agit vraisemblablement de vautours fauves qui auraient trouvé ici une zone où nicher, bien que l’on parle aussi de la présence de l’aigle royal sur Miélandre. Pour reprendre le titre de l’écrivain Patrick Ollivier-Elliott, « Baronnies,… un fragment de paradis ». Il n’empêche, l’éternité n’est pas encore d’actualité et l’heure du retour vers des contrées inférieures a sonné… Sac au dos, repus et reposés, les yeux éblouis, c’est la descente vers le Col de Blanc. D’abord à travers ces prairies crevassées par les pluies, bientôt bordées d’aliziers aux feuillages d’un vert pâle élégant. Aux pentes herbeuses va bientôt succéder la partie la plus difficile, un passage au milieu des rochers où la prudence est de mise : le temps sec rend les graviers glissants… A peine le temps de regarder encore un vautour ou la vallée verdoyante.

Ce que nous avons escaladé ce matin parmi les beaux hêtres, nous le retraversons par un itinéraire moins pentu où la fraîcheur de l’ombrage est bien agréable. Passons au pied de la paroi rocheuse pour reprendre le sentier couvert de feuilles… Là un rocher massif dévie le chemin… Plus bas, une petite source qui ruisselle et s’écoule au fond du ravin que le sentier longe jusqu’au Col de Blanc (850 mètres) où la Ferme du Col a dressé des yourtes pour l’accueil des randonneurs… Montant et descendant, le sentier continue sous les arbres, serpente, traverse une clairière… Retour au poteau de départ : qui a gagné le pompon pour le deuxième tour ? Pas de réponse !... Retournons donc au Col d’Espréaux pour entamer la deuxième boucle de ce grand huit qui nous ramènera au Bachas.

N’allez pas croire pour autant que c’en est fini des efforts à fournir : après un arrêt à discuter avec le fermier pour s’assurer que le passage sera sans risques pour nous en raison de la présence d’un troupeau de chèvres gardé par son patou : très aimablement, notre interlocuteur nous accompagne pendant quelques mètres et… c’est reparti pour une ascension, certes plus modeste, sur une piste ensoleillée où les organismes commencent à souffrir un peu. Parvenus au Col du Blaye, retrouvons une ombre bienfaisante permettant un repos hydratant. Plus loin, dans la descente, c’est un troupeau d’une demi-douzaine de chevaux, blancs, pommelés, auburn,… que nous croisons dans leur enclos, ils nous regardent passer, curieux de cet autre troupeau de bipèdes lourdement chargés !

Retrouvons la lumière du soleil et la perspective des montagnes alentour à l’approche du Clos du Périer (certains assoiffés penseront à une boisson fraîche et pétillante). Le village de Bouvières apparaît non loin d’ici : mais nous n’irons pas jusque là… Sachez néanmoins que les habitants de ce village eurent leur heure de gloire en 1789 en assaillant et pillant les deux châteaux, conduits par leur maire et le conseil municipal qui furent condamnés au bagne pour cela. Retrouvant le bitume de la petite route, il ne restera qu’à se laisser glisser vers le hameau du Bachas pour retrouver nos véhicules et, pour certains, s’approvisionner en Picodons à la Ferme du Bachas près de laquelle nous nous sommes garés ce matin… Avant de remercier Viviane, vaillante meneuse du jour, je ne vous laisserai pas fermer la page sans répondre à la question que vous vous êtes tous posée : que signifie « Bachas » (ou « bachat »), un nom que l’on retrouve couramment dans la toponymie provençale ? Il s’agit, m’a dit Gaston, d’une auge (ou parfois d’un bassin) ayant divers usages et notamment utilisée lorsque l’on tuait le cochon dans les fermes.

Gérard Langlois.

 


Photographies : J. Gourault

Trace : V. Cortès

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