Date : | 26/06/2014 | Difficulté : | Facile |
Accompagnateur : | R. Giraudin |
Coordonnées UTM : | |
Participants : | 24 |
Départ : | 31T 0691913 4879168 |
Longueur : | 17 km | Pique Nique : | |
Dénivelée : | 470 m | Autres : | |
Carte IGN TOP 25 n° : | 3240 OT |
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Position par rapport à Buis-les-Baronnies : | 43 km S |
Commentaires techniques :
Néant.
Compte-rendu :
Et bien voilà une saison qui se termine ! Une année de randonnée sous nos cieux préférés, les Baronnies («... un fragment de Paradis », pour reprendre le titre d'un auteur qui en a lui-même exploré tous les recoins), le Ventoux et quelques autres territoires qui tous ont en commun la beauté lumineuse de la Provence. La tradition de Randouveze veut que l'une des dernières marches ait lieu du côté de Sault, ce pays où la lavande illumine et embaume la nature. Et qui d'autre que nos amies de Ferrassières, Reine et Jacquotte, pourrait nous guider sur les sentiers de ce plateau à la fois austère et plein de charme ? Elles nous ont donné rendez-vous sur la petite place du village de Saint-Jean de Sault où déjà elles se trouvent à l'arrivée des premières voitures. Une vingtaine de marcheurs entendent bien conjuguer les plaisirs de la randonnée et du spectacle d'un bel environnement pour cette boucle sans grosses difficultés annoncées.
Saint-Jean de Sault, ou Saint-Jean de Durfort, est un tout petit village sur la route de Apt, où le promeneur attentif découvrira la Place de l'Abeille-Assoiffée, la Rue Ronflette ou la Rue de la Pétanque que nous prendrons au départ pour rejoindre le premier point de regroupement aux Molières de Saint-Jean (828 mètres). Outre la petite église au cœur du hameau, la principale curiosité en est la Tour de Durefort qui faisait partie d'un réseau de tours de guet avec celles d'Aurel et Monieux, en particulier, édifiées au XIIème siècle pour assurer la défense de cette seigneurie appartenant alors à la Famille d'Agoult. Les ruines de l'édifice en sont encore visibles sur le plateau. Aujourd'hui, l'image du village reste attachée à l'histoire glorieuse de la Résistance qui fut très active sur le Plateau de Sault : le 22 Août 1944, des maquisards y prirent d'assaut une colonne allemande qui perdit une centaine d'hommes.
Nous rejoindrons le plateau par un chemin mi-ombre mi-soleil, frais comme peut l'être un sous-bois après l'orage. Cette fraîcheur est propice à la flore abondante où domine le bleu avec notamment de nombreuses campanules (campanule étalée et campanule fausse raiponce, semble-t-il) et d'autres espèces encore. Bien entendu, quelques petites haltes permettent de profiter de ce lieu verdoyant. Le sentier, pratiquement parallèle à la route, longe le ravin de Combe Crau et nous amène au lieu-dit Le Puits (995 mètres) et, un peu plus loin à Champ-Long (1002 mètres) : c'est alors un changement complet de décor car la vue s'ouvre largement sur le plateau. Sur cette vaste étendue, les quelques nuages qui jouent dans le ciel créent des jeux de lumières qui font changer le paysage au fur et à mesure de leur passage. Au milieu, la silhouette isolée d'un agriculteur arrachant les mauvaises herbes de son champ de lavande paraît presque inattendue. Mélange de Monet, de Millet et de Van Gogh, c'est l'esquisse d'un tableau que l'artiste pose sur sa toile avant d'en trouver les couleurs définitives, changeantes au gré de l'heure et du temps... Monet avait, quant à lui, trouvé une méthode : peindre simultanément plusieurs tableaux d'un même sujet, la cathédrale de Rouen, dont il fit 30 toiles !
Mais nous sommes loin de la Normandie et le peintre d'aujourd'hui n'est autre que l'astre solaire lui-même qui s'est associé à Eole. Les lavandes n'ont pas encore pris le bleu profond qui inspire toujours peintres et photographes. Quant aux parcelles de blé, elles ont le vert tendre des jeunes épis en attendant l'or de la maturité. D'immenses squelettes de châtaigniers desséchés et décharnés ponctuent la longue piste sur laquelle nous progressons maintenant : ils forment un curieux contraste avec la végétation en plein devenir ! S'agirait-il d'un signe pour nous rappeler que, sur ce plateau, eurent lieu des évènements tragiques : ici, sur ce terrain baptisé du nom de code de « Spitfire », atterrirent les avions alliés qui approvisionnaient le Maquis et, pendant la nuit du 10 au 11 Août 1944, l'évacuation mouvementée d'une vingtaine d'hommes fut à l'origine de représailles des nazis qui, le lendemain, fusillèrent sur place trois Résistants à la Ferme de Castellet...
Parvenus au Chemin de Sarraud (1000 mètres), le chemin change encore de profil, montant (très) légèrement au milieu de la végétation typiquement méditerranéenne qui annonce les Alpes Provençales... Une petite route nous mène à Savouillon (1001 mètres). Les tas de pierres au bord du chemin, monuments du travail des hommes, rappellent les difficultés de la mise en valeur des terres au fil du temps. Nous suivrons la piste jusqu'à La Croix de Fer (1098 mètres) ou Croix de la Lavande, point culminant de notre randonnée où nous nous arrêterons pour notre pique-nique, sur un bel espace herbeux. Le lieu est bien choisi car nous pouvons découvrir, tout au loin, les montagnes des Baronnies que nous quittions ce matin... Même Chamouse, en demi-teinte, estompée par la brume, est visible. Le Ventoux ne manque pas à l'appel et présente son flan Sud, longue masse claire changeante au gré de la lumière. Plus proches, le Plateau d'Albion et la Montagne de Lure, chère à Giono qui en fit le cadre de plusieurs romans... Et, bien entendu, en tout premier plan, les champs de lavande en rangs bien sages sur un sol rouge parsemé de galets. Un bonheur n'arrivant jamais seul, quelques flacons circuleront parmi nous et, nous le pressentions, Reine et Jacquotte nous firent goûter leurs spécialités : terrine, confitures de Reine dignes du palais d'un roi, croquants de Jacquotte à craquer de plaisir... Hmmmm !... Pourquoi ne venons-nous pas plus souvent ?
Il n'empêche, la balade n'est pas terminée, le départ se fait en douceur par le GR 4, un sentier caillouteux, creusé par les pluies, qui traverse le Bois des Jourdans pour atteindre le carrefour des Jourdans (991 mètres) où, après quelques hésitations, nous prenons la direction de Bellegros. La piste, à nouveau, est dégagée et se déroule au pied du Coteau de la Brasque sur lequel les rangées de lavande forment de longues courbes, sur un sol fait de terre ocre et de caillasse. Sur la droite, toujours et encore des perspectives s'ouvrent sur le Plateau d'Albion et la Montagne de Lure, mais on ne peut se lasser de ce paysage si particulier où l'horizon nous appelle toujours vers d'autres lieux à explorer. Le Ventoux, de temps à autres, pointe son sommet à la crête du coteau car, jaloux sans doute de son titre de Géant de Provence, il ne saurait se faire oublier. A Ballegros, image inattendue, devant la vieille bâtisse en pierres, un canapé sans âge tend les bras à ceux qui voudraient faire une pause : inutile d'ajouter que nous aurons là une belle photo souvenir où Francis, bien entouré, semble jouir d'un instant de bonheur... Il ne manque qu'un demi bien frais et mousseux pour atteindre la plénitude !
Maintenant, l'après-midi s'avance, aussi nous n'irons pas par quatre chemins... Ou, plutôt (pas le chien !) si, nous nous dirigeons vers le lieu-dit Les Quatre-Chemins (1047 mètres) d'où l'itinéraire choisi par Reine nous ramènera vers Saint-Jean en passant par La Peine (tout un programme pour forçats de la randonnée !)... Notre guide, magnanime et économe de nos efforts, ne nous imposera pas d'aller jusqu'au sommet... bien modeste pourtant. Nous ne sommes pas très loin de la Tour de Durefort lorsque nous parvenons au poteau du Coteau de la Meynière (1016 mètres), à la jonction des GR4 et GR9, où déjà s'amorce la descente vers le village. Une belle ferme rénovée fait l'objet de la curiosité des uns et des autres avant de parvenir au croisement La Tour de Durefort (1013 mètres) qui mène aux ruines de l'édifice. De là, par un sentier d'où l'on peut découvrir Saint-Jean mais aussi apercevoir Monieux, nous allons rejoindre paisiblement nos voitures sur la placette avant de repartir vers Sault pour le traditionnel pot qui conclura la journée... et la saison ! Curieuse coïncidence, la terrasse où nous nous installons se trouve devant l'Hôtel du Louvre où se rencontrèrent le Colonel Philippe Beyne et son adjoint Max Fischer pour décider de la création du Maquis du Pays de Sault.
En conclusion, une très belle journée, sereine et joyeuse, que nous ont fait vivre Reine et Jacquotte, nous les en remercions et serions heureux de leur rendre visite plus régulièrement sur leur territoire dont elles savent mettre les beautés en évidence.
G. Langlois.