Date : | 06/09/2018 | Difficulté : | Modérée |
Accompagnateur : | JP. Blanchet | Coordonnées UTM : | |
Participants : | 18 | Départ : | 31T 678954 4911666 |
Longueur : | 14,7 km | Pique Nique : | 31T 677671 4908897 |
Dénivelée : | 630 m | Difficulté IBP index : | 66 |
Carte IGN TOP 25 n° : | 3139 OT | ||
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : | 7 km NNW |
Commentaires techniques :
Parking sur la place du village de Rochebrune.
Cette randonnée nommée « Les Six Cols » ou parfois « Les Neufs Cols ?» suit un itinéraire (PR39) entretenu par Randouvèze.
Jean-Pierre conduit la randonnée dans le sens antihoraire et nous commençons par parcourir, direction ouest les banquettes (ou restanques), cultivées autrefois, pour atteindre le col de Serriès et son éolienne de puits. Nous contournons le Serre Saint-André, passons au pied du vigoureux Rocher Florin et nous suivons la piste plein sud jusqu’au col des Lantons.
Nous quittons la piste au Pas de l’Estret, franchissons l’Eyguemarse (au point 31T 676368 4910180), ruisseau qui coule vers l’ouest par « Les Neuf Fontaines » avant d’arroser Bénivay-Ollon. Nous remontons le cours, quelque peu aquatique, du ruisseau des Grandes Buisses pour atteindre le Col du Linceuil, point sud de notre randonnée.
Après le déjeuner à proximité de la Ferme des Maquisards de la Fournache, nous remontons vers le col de St. Vincent, puis le col de Soubeyrand. A proximité de la Ferme du Col de Soubeyrand, au point 31T 677854 4910330 (alt. 774 m), avant d’arriver à la route, nous traversons le Serre de Chante-Perdrix, azimut NNE jusqu’au croisement avec la route (intersection avec le GRP Tour des Baronnies), au Col de La Croix (alt. 723 m). Le chemin descend jusqu’au Ruisseau de Combebelle, se poursuit par une piste qui nous ramène à Rochebrune.
Nous avons marché pendant 4h25 à une moyenne de 3,3 km/h.
Si l‘on cumule les arrêts d’une durée de 1h35, la randonnée a duré 6h, et la moyenne globale s’établit à 2,45 km/h.
La cotation de l’indice d’effort sur le site de la FFRP est de 66, valeur qui caractérise une randonnée de difficulté moyenne, en ayant toujours pour hypothèse « une préparation physique -elle aussi- moyenne ».
Georges Thouard.
Compte-rendu :
Après un été torride pendant lequel les organismes sont restés pour beaucoup dans un état semi-végétatif, la rentrée était très attendue par les randonneurs avides de kilomètres et de paysages. Une météo quelque peu maussade n’a sans doute pas motivé tous les Randouvéziens pour cette rentrée… En effet, quelques gouttes de pluie sont tombées ce matin sur la Place du Quinconce et les Baronnies. Pas de quoi affoler les plus courageux ! Alors, direction le Col d’Ey pour rejoindre le petit village de Rochebrune où, sur le parking face à la mairie, à l’entrée du village, quelques randonneurs supplémentaires sont au rendez-vous : nous serons 18 à prendre le départ sous la conduite de Jean-Pierre.
Rochebrune, village perché de 60 habitants surmontant la vallée de l’Ennuye, se trouve à l’écart de la route de Sainte-Jalle. Oserais-je dire, comme Patrick Ollivier-Elliott (« Les Baronnies, mode d’emploi d’un fragment de paradis »), que « Gardien des cols de l’Ouest, Rochebrune est une île sur la houle des marnes noires… » ? Et pourtant cette image me paraît très juste. Lorsque l’on arrive au village, c’est la vision que l’on a : perché sur son éperon rocheux, Rochebrune est comme un récif que l’on découvrirait en arrivant à la côte, avec son sémaphore, pour guider le marin revenant au port.
Jean-Pierre, qui n’a rien d’un marin breton (sauf le pull rayé qu’il arbore de temps en temps sur les chemins de randonnée quand la bise se fait plus piquante), va donc nous emmener sur les sentiers qui relient quelques-uns de ces cols de l’ouest baronnien. Nul doute que nous découvrirons des itinéraires inhabituels, peu fréquentés… L’aventure est là devant nous. Et pour nous mettre en jambes, dirigeons-nous vers le Col de Serriès par un sentier fort agréable même si la lumière des Baronnies nous fait défaut ce matin.
En contournant le village, nous le découvrons avec ses ruelles et ses façades, ses volets bleus, surmonté de la tour qui constitue, avec le clocher de l’église, le seul vestige encore visible du château du XIIIème siècle dont l’histoire fut très tourmentée*. Le sentier qui serpente au flanc du Serre de Chante-Perdrix redescend bientôt dans le lit du Rieu Frais dont le débit est certes réduit aujourd’hui. C’est, néanmoins un obstacle à franchir sous l’œil malicieux de notre photographe du jour, j’ai nommé Philippe (N°1), qui espère un cliché humoristique : peine perdue, la traversée se passe sans souci pour l’ensemble du groupe !
L’itinéraire emprunte maintenant le sentier tracé parmi les restanques dites « des Sorgues »créées par un certain Marcellin. Cette force de la nature aurait, selon Bernard Charavin (« Au pays des olives ») sorti du torrent, transporté, accumulé et assemblé ces blocs de pierre pour retenir cette maigre et rare terre afin d’y faire pousser vigne et oliviers. Ce témoignage de la vie rurale en des temps pas très lointains ne manque pas d’être émouvant et nous fait toucher du doigt (ou du bâton de randonneur) la dure condition des habitants du territoire. Ces restanques, à l’adret et à l’ubac du vallon, auraient été exploitées encore avant les années 1950 : pommes de terre, pommiers et poiriers à l’ubac ; vigne et oliviers à l’adret au soleil.
Laissons là Marcellin et ce lieu de mémoire de la vie de nos aïeux et progressons vers le Col de Serriès où la pluie commence à se manifester. Au pied de la vieille éolienne rouillée, une petite halte permettra de sortir les capes ou d’ouvrir les parapluies que certains ont prudemment mis dans le sac. L’itinéraire que nous empruntons vers le Rocher Florin nous conduira ensuite vers Les Lantons par une large piste d’où l’on découvre la Montagne d’Autuche et la Montagne de Peitieux… Le ciel est toujours bien bas et ne laisse pas espérer d’éclaircie prochaine. Aux Lantons, vaste carrefour où se croisent plusieurs boucles et itinéraires, un coup d’œil sur le balisage abondant qui mériterait sans doute un petit entretien. Georges est là pour en faire le constat.
Quelques centaines de mètres sur le GR9 que nous quitterons bientôt pour un sentier qui serpente, monte et descend, franchissant le cours peu abondant de l’Eyguemarse puis empruntant le lit d’un autre ruisseau aussi peu humide que le précédent… Cela nous mènera au Col de Linceuil où nous retrouvons nos repères. L’heure s’avance et les estomacs se rappellent à la vigilance des randonneurs : un petit effort pour monter jusqu’à l’espace herbeux tout proche des ruines de la ferme des Maquisards. Un vent frais s’est levé et nous serons mieux à ras de terre, pourvu que la pluie ne vienne pas troubler nos agapes !
Quelques mots sur cet autre lieu de mémoire. La Ferme des Maquisards de La Fournache, déjà abandonnée avant la Seconde Guerre Mondiale, fut « retapée » par un groupe de jeunes réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire) qui y établirent leur campement en Mars 1943. Ils furent jusqu’à près de 50 à y vivre pendant 4 mois : les troupes italiennes vinrent donner l’assaut et détruisirent la bâtisse le 9 Août 1943, jour de la Saint-Laurent, après dénonciation d’un jeune du groupe**. Heureusement, le groupe fut alerté par un agriculteur au petit matin et tous purent s’échapper dans la montagne.
Reprenons notre chemin alors que, de nouveau, la pluie semble s’annoncer… On nous a programmé 6 cols à franchir aujourd’hui. Il en reste 3. Il n’y a pas de temps à perdre et nous allons aligner ces cols dans l’après-midi : Saint-Vincent, Soubeyrand, La Croix. Le paysage est, certes, moins agréable et lumineux qu’à l’accoutumée. Mais nous profitons néanmoins de beaux points de vue sur les vallons et montagnes environnantes. Il nous faudra enfiler nos capes de pluie : le spectacle est coloré, la cape de Philippe (N°2) est remarquable, un bel orange du meilleur effet dans la grisaille. Randouvèze en Technicolor sur l’écran panoramique des Baronnies. Près de la belle Ferme du Col de Soubeyrand, en cours de restauration, Jean-Pierre s’écarte du sentier balisé pour agrémenter le parcours avant de reprendre la piste.
Au Col de La Croix, nous amorçons la descente vers Rochebrune que nous redécouvrons sous un autre angle, alors que nous avons rangé nos vêtements de pluie. Apparaît à nos yeux le clocher de la jolie église Saint-Michel (XIIème-XVème siècles), aux belles peintures murales du XIXème siècle bien restaurées, que certains auront à cœur de visiter.
Nous voilà de retour sur le parking où de sympathiques bancs de bois nous accueillent pour quitter nos lourdes chaussures, avant de rejoindre Buis les Baronnies pour les uns ou le Vaucluse pour les autres, satisfaits de cette première sortie de la saison… baptisée par les cieux attentifs à préserver notre teint des rayons du soleil.
Que Jean-Pierre soit remercié de son amicale prestation et de son attention au groupe.
Gérard Langlois.