Tamizat

 

Date :  11/06/2015 Difficulté :  Difficile
Accompagnateur : J.-P. Blanchet
Coordonnées UTM :
Participants : Départ : 31T 0690976 4922878
Longueur : 21,4 km Pique Nique :
Dénivelée : 1240 m Autres :
Carte IGN TOP 25 n° :  3238 OT
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 47 km NNE

 

Commentaires techniques :

Néant.

Compte-rendu :

Nos pérégrinations randouvéziennes nous font découvrir le massif des Baronnies dans sa grande diversité, dans ce qu’il a de plus profond tant sa géographie est complexe. La nature a sculpté ce territoire et les hommes s’y sont adaptés. C’est là tout le charme de nos randonnées, essayer de comprendre la vie dans ces montagnes et en prendre une parcelle pour en garder une trace dans nos mémoires… Où cela va-t-il nous mener aujourd’hui ?... Après avoir à nouveau emprunté la route de Gap, taillée dans la roche dans les gorges de l’Eygues par les habitants, au XIXème siècle, remontons le torrent de l’Oule, au pied du plateau de Saint-Laurent… Passons au pied du petit village de Cornillac… Au bout de la route, au bout de la piste, le Quartier de Serre (740 mètres) où un bel espace herbeux accueille la troupe auprès de la Chapelle Saint-Genest (ou Geniès ou Genes).

De là, Jean-Pierre nous conduira vers la Montagne du Raton et ses larges espaces. Nous allons emprunter une piste en balcon pour nous élever progressivement au-dessus de la vallée verdoyante, dominée par le Rocher d’Enclus et, plus loin au-dessus de Cornillon sur l’Oulle, plusieurs sommets boisés de la Forêt d’Aiguebelle. Cette première partie du trajet sera déjà rude et la piste s’élève rapidement jusqu’à la bifurcation où elle devient sentier. La fraîcheur du sous-bois est agréable, la terre encore humide des récents orages exhale son parfum si caractéristique de feuilles mortes. La difficulté viendra bientôt car ce sentier étroit est glissant, en dévers, et l’équilibre devient aléatoire… Quelques postérieurs en garderont la trace sinon la mémoire (dont le siège se trouve un peu plus haut généralement… Quoique ?). Cette progression à pas comptés facilite d’autant le travail de recensement de la flore de notre ami Jean.

Parvenus à 130 mètres d’altitude, en crête de la Montagne des Gravières, le paysage s’ouvre alors sur ce vaste espace qui s’étend vers la Montagne du Raton et plus loin encore. La lumière est belle et la prairie s’offre grandiose à notre regard. Bien évidemment, la comparaison avec Chamouse ou Miélandre ou d’autres encore vient à l’esprit, mais chacune a sa personnalité et sa beauté particulière. Le printemps qui se termine a aussi laissé se faner beaucoup de ces fleurs de montagne que nous aimons à reconnaître, mais qui ne vivent que quelques semaines dont il faut se hâter de profiter. Il n’empêche, le spectacle est agréable, la colonne de marcheurs s’étire sur le mince sentier qui nous conduit comme des funambules au flanc de la montagne. Quelques arrêts improvisés permettront de prendre des repères pour mieux nous orienter.

Nous passons le Pas de la Posterle et parvenus au point culminant (1400 mètres), nous faisons un tour à 360° pour bien nous imprégner de la vue. Comme des montagnes russes, le chemin monte et redescend puis remonte encore. En abordant la Montagne de Raton, la falaise qui se présente devant nous est spectacle saisissant, la paroi abrupte dont les couches de calcaire marquent les époques géologiques comme un calendrier géant est un témoignage remarquable de l’histoire des Baronnies… Tiens donc, notre guide montre des signes de fébrilité et nous incite à nous regrouper : l’explication en est qu’il craint la présence de troupeaux de moutons et surtout de leurs vigilants gardiens peu enclins à discuter… Et bien sûr, quelques centaines de mètres plus loin nous voilà confrontés à un bruyant patou, pas du tout accueillant, pas « tibulaire » mais presque aurait dit Coluche, essayant de nous dissuader de nous approcher de ses brebis chaumant paisiblement sous un arbre à quelques centaines de mètres du sentier, auxquelles nous ne voulons aucun mal, … Mais allez donc expliquer cela à un gros toutou qui ne parle pas tout à fait la même langue (bien que certains Randouveziens soient capables d’aboyer !) et pas tout à fait disposé à négocier… Je n’aurais pas aimé me trouver en dernière position de notre groupe avec ce patou tout prêt de mes mollets pas tout prêts à se faire croquer !

A propos d’appétit, ne serait-il pas l’heure de faire une pause pour nous sustenter un peu après ces émotions : nous sommes à la Passière de la Sapie (1440 mètres) où s’amorce le chemin de la descente et un bel espace abrité du vent s’offre à nous, ne pensons plus au patou… qui reviendra donner de la voix du haut de sa prairie… Jappe toujours, tu ne nous impressionnes plus ! Déjeuner paisible comme il est de coutume à Randouveze. Le vol de quelques vautours vient agrémenter notre ciel bleu…

Jean-Pierre bat le rappel, Gérard a déjà le sac au dos, c’est reparti. Il est vrai que le chemin est encore long bien que l’essentiel de la dénivelée ait déjà été absorbé. Heureusement, une belle descente en sous-bois, sans difficultés, au frais, permet de se remettre dans le rythme. Il en sera ainsi jusqu’à rejoindre le Col de la Fromagère, à la limite des Hautes-Alpes : mine de rien, nous avons redescendu près de 400 mètres de dénivelée. Après avoir suivi pendant quelques minutes la petite route du col, nous reprenons une large piste qui longe le pied de la montagne gravie ce matin. C’est l’occasion d’admirer d’en bas cette belle paroi au sommet de laquelle nous avons cheminé… Passons le Col du Faux (1040 mètres), puis le pavillon forestier de Chauvet (920 mètres), la piste est un peu monotone, si nous avions un peu de pente pour changer ? Rien n’y fera, Jean-Pierre ne nous aura pas préparé de surprise de fin de parcours.

Intermède bucolique, la fraîcheur de la source à laquelle nos naïades randouveziennes iront toutes s’abreuver suivies de leurs galants compagnons de route. Les réserves d’eau sont en effet déjà très basses. Nous voilà ravitaillés pour terminer notre périple en toute sécurité… Il est vrai que, sans qu’il y paraisse, nous aurons parcouru 20 km pour une dénivelée de 1070 mètres au cours de cette belle journée… sans histoires, ou presque. Nous retrouvons le chemin pris à l’aller, un peu plus loin, pour rejoindre le point de départ à la Chapelle Saint Genes, un saint généralement invoqué pour faire pleuvoir et qui justifiait autrefois un pèlerinage en ce lieu. A propos d’histoire, pour ne pas quitter Cornillac que nous n’aurons vu que de là-haut sans nous intéresser au passé du village, il faut savoir que ce village connut l’occupation romaine, d’où ce nom qui vient de Cornelius, propriétaire d’une « villa » à l’époque gallo-romaine.

Un arrêt à Saint-May permettra aux Buxois et Vauclusiens de ne pas se quitter sans prendre ensemble un rafraîchissement bien mérité. Il ne reste plus qu’à remercier Jean-Pierre de sa prestation du jour et d’avoir pris soin de son groupe…

Gérard Langlois.