Date : | 16/04/2015 | Difficulté : | Modérée |
Accompagnateur : | D. Fétisson | Coordonnées UTM : | |
Participants : | 31 | Départ : | 31T 0687743 4906925 |
Longueur : | 14,3 km | Pique Nique : | |
Dénivelée : | 700 m | Autres : | |
Carte IGN TOP 25 n° : | 3139 OT | ||
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : | 9 km ENE |
Commentaires techniques :
Néant.
Compte-rendu :
Les jeudis se suivent et ne se ressemblent pas : au temps radieux de notre dernière sortie de Tarendol succède une grisaille un peu triste, les augures météorologiques ne sont pas très favorables. Il n’empêche qu’une petite trentaine de marcheurs sont au rendez-vous donné par Daniel. Allons, courage ! Les voitures se dirigent vers Vercoiran où nous devons retrouver Gaston, l’enfant du pays. Au Moulin, après la traversée de l’Ouvèze sur le petit pont, nous prenons la direction de l’Hubac, lieu de départ de la randonnée. Le 9 Mars 1944, un convoi allemand emprunta cette petite route pour se rendre à la ferme de Colombrette, devant laquelle nous passons, chez la famille Jarjaye. Le père, Henri, et trois de ses cinq fils furent fusillés ici. Ils furent vraisemblablement dénoncés par des voisins jaloux qu’ils aient pu conserver leurs fusils de chasse, cachés dans leurs ruches. Une plaque commémorative rappelle ce massacre. Ces victimes de la barbarie nazie reposent au petit cimetière de Vercoiran, près de la Chapelle Notre-Dame des Champs.
Dès que les retrouvailles avec les membres du groupe venus directement au point de départ sont terminées, la troupe s’engage sur la piste au milieu des champs d’abricotiers pour rejoindre le sentier qui, sur l’ubac de la Montagne de Gravas nous conduira jusqu’au Col du Chevalet. Sans être excessivement difficile, la pente représente néanmoins une dénivelée de 250 mètres. La fraîcheur de la matinée permettra aux organismes de ne pas trop souffrir. L’allure régulière reste soutenue, mais quelques pauses sont mises à profit pour regarder en arrière la vallée de l’Ouveze qui s’ouvre vers Sainte-Euphémie. Le raidillon qui annonce l’arrivée au col fait un peu mal aux jambes… Mais nous y sommes ! Le Col du Chevalet (919 mètres) offre une perspective sur la Montagne de Serrière, en face, et le Col d’Anjuan, au-dessus de Vercoiran ; un peu plus à l’ouest, c’est la Montagne de Montlaud dont la paroi surplombe Autanne.
Quelques dizaines de mètres encore sont nécessaires pour parvenir en crête, tout au bout de la Montagne du Chevalet (936 mètres) dont la Montagne de Gravas est le prolongement. La vue s’étend alors largement sur la Vallée du Menon qui prend sa source plus bas à La Gravouse et va rejoindre l’Ouveze au Buis. Les villages du Poët-en-Percip et de La Roche-sur-Le Buis sont dissimulés à nos regards, au pied de la montagne. De l’autre côté de la vallée la silhouette massive de la Montagne de Banne, que vont bientôt affronter quelques centaines de coureurs lors du Trail Drôme, s’impose avec majesté : c’est, avec les mythiques Chamouse et Angèle, l’une des plus belles montagnes des Baronnies… Et puis, au-dessus de La Nible, notre vigie, le Ventoux, se profile avec ses pentes encore enneigées.
L’itinéraire choisi par Daniel doit maintenant nous conduire au Col de Sanguinet en suivant la crête de la Montagne de Gravas. Passant sous les Rochers de Trapes Loube, le sentier suit maintenant la crête et monte progressivement jusqu’aux Rochers Mindrits (1080 mètres) où notre guide invite ceux qui le souhaitent à escalader l’éperon rocheux d’où une vue imprenable à 360° permet d’embrasser tous les sommets environnants et au-delà les pentes encore couvertes de neige du Champsaur. Il ne manque qu’un tout petit rayon de soleil pour sculpter ce paysage et permettre aux photographes d’en faire d’inoubliables tableaux… Ce sera partie remise et, après cette pause, reprenons notre progression. Ce qu’il y a de remarquable sur de tels sentiers, c’est de pouvoir profiter presque en même temps du spectacle des deux versants. Cette partie des Baronnies est traversée de plusieurs cours d’eau qui ont ouvert des vallées et l’on passe successivement de l’Eygues à l’Ennuyé puis à l’Ouveze puis au Menon, sans oublier le Toulourenc, qui forme frontière entre Ventoux et Baronnies, entre Provence et Dauphiné. On passe ainsi d’une vallée à l’autre, chacune avec son caractère propre.
La végétation est encore endormie à cette altitude mais le thym embaume déjà l’atmosphère lorsque l’on en frôle les bouquets fleuris. Quelques fritillaires, espèce rare à protéger, sont apparues au pied des buis. Dans quelques semaines, toutes les fleurs de montagnes auront percé et composeront de somptueux tableaux colorés que nous aimons. Le chemin s’élève encore pour atteindre bientôt le point culminant de Gravas (1120 mètres) après une belle pente qui réchauffe les organismes et ouvre les appétits… Encore faudrait-il trouver un lieu de pique-nique confortable ! La pluie s’annonce, Daniel nous emmène vers le Col de Sanguinet un peu plus bas (1063 mètres) et la descente devient glissante. Il faudra s’accommoder de conditions plus sommaires qu’à l’habitude et chacun tente de trouver une position confortable sous les arbres qui n’offrent qu’un abri sommaire… Inutile de préciser que la pause sera plus courte qu’à l’habitude, café et thé chauds sont appréciés. Le froid engourdit les doigts et la sieste ne restera qu’un doux fantasme.
Retrouvons le sentier qui ramènera les marcheurs vers le point de départ. Comme par enchantement, la pluie a cessé et la descente à travers les bois de Tomère sera plus sympathique. Primevères, violettes hépatiques et coucous agrémentent le bord du chemin. Le vert tendre des jeunes feuilles des fayards fait contraste et illumine le sous-bois. C’est ainsi, sans hâte et tranquillement, que nous rejoindrons le quartier de Saint-Siffrein où une petite chapelle fut érigée mais disparut à la Révolution. Le paysage redevient plus rural et agricole avec ses abricotiers, oliviers et lavande. Passons près de la ferme de Champagne, au lieu-dit Les Prières et retrouvons notre point de départ.
Nous regretterons ce temps maussade qui ne nous a pas permis de profiter autant que nous l’aurions aimé des paysages que Daniel nous a fait redécouvrir… Nous reviendrons, à n’en pas douter, sur cette Montagne de Gravas… En attendant, rejoignons Buis (où le soleil nous attend !!!) pour une pause conviviale.
Gérard Langlois.