Date : | 02/10/14 | Difficulté : | Modérée |
Accompagnateur : | D. Fetisson | Coordonnées UTM : | |
Participants : | 29 | Départ : | 31T 0693071 4905974 |
Longueur : | 17,6 km | Pique Nique : | |
Dénivelée : | 1050 m | Autres : | |
Carte IGN TOP 25 n° : | 3239 OT |
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Position par rapport à Buis-les-Baronnies : | 17 km E |
Commentaires techniques :
Néant.
Compte-rendu :
La nature, imperceptiblement, commence à se parer des couleurs d'automne, les feuilles sont déjà ourlées d'un liseré d'or... L'azur est dans le ciel et le soleil du matin nous a envoyé ses feux aveuglants sur la route de la vallée de l'Ouvèze où la rosée accentue encore la lumière qui exalte la beauté des paysages. La trentaine de Randouvéziens fidèles aux rendez-vous du jeudi sont d'humeur guillerette... C'est de bon augure pour une randonnée sympathique. Il reste à nos guides du jour, Daniel et Huguette, à nous enchanter pour que notre journée soit comblée ! Ils ont décidé de nous emmener autour de la Montagne de la Loube pour une journée sportive !... Le petit parking à la sortie de Saint-Auban sera le point de départ.
Le préchauffage n'est pas au programme, il n'est point besoin de bruyants ronflements de moteurs et nos vieux « diésels » montent vite en régime pour se mettre en mode « conduite en montagne ». Les premières pelures tombent déjà lorsque le sentier coupe la route un peu plus haut, avant de nous lancer sur cette belle montée qui permet de (re)découvrir la vallée où se niche le village de Saint-Auban, ancienne place-forte protestante perchée sur son éperon de calcaires bédouliens (information vérifiée) dominant le confluent du Charruis et de l'Ouvèze. C'est cette situation privilégiée qui lui permit de contrôler les trois voies de circulation qui s'y croisaient... et de s'enrichir grâce aux péages ! Il se dit que l'un des titres de gloire du village serait la qualité de son service des Postes longtemps assuré par une de nos Randouvèziennes.
La montée par le GR 91/GRP du Tour des Baronnies, certes pentue, ne pose pas de problèmes à nos vaillants fantassins qui, bien sûr, prennent le temps de souffler, se restaurer, s'hydrater en routards avertis : c'est l'assurance de la longévité de nos moteurs. La fraîcheur un peu humide du chemin est un élément de confort incontestable. Nous élevant peu à peu, un arrêt nous permet de découvrir les belles parois rocheuses, ondulant sous l'effet des mouvements tectoniques du jurassique supérieur (n'est-ce pas, Bernadette ?) formant les gorges au fond desquelles coule le Charruis. Ce territoire fut également bouleversé par plusieurs tremblements de terre dont le dernier aurait été celui de Lisbonne en 1755 dont les effets se seraient fait sentir jusqu'ici.
Le sous-bois laissera la place, un peu plus haut, à une nature plus agreste où les champs de lavande nombreux transforment le paysage. C'est ici une culture importante, essentielle pour l'économie locale : à Saint-Auban, deux entreprises importantes sont implantées pour travailler les sous-produits de la lavande, la société « Le Clos d'Aguzon » créée en 1898 et notre partenaire et sponsor, « Le Chatelard 1802», créée en 1802 qui y a installé son unité de production de savons et parfums, après avoir fourni pendant de très nombreuses années l'industrie du parfum à Grasse. Nous sommes passés sur l'autre versant de la montagne et c'est le village de La Rochette du Buis que nous apercevons alors, aux limites de cette vaste cuvette, dominée par le Serre des Moles et le Rocher de l'Aigle. La vue est superbe sur les pentes où les champs de lavandes ondulent en épousant les courbes du terrain... Spectacle récurrent et pourtant toujours apprécié. Le sentier emprunte encore de beaux sous-bois où les pluies de la fin d'été ont rendu le sol noir un peu collant. Jean y trouvera quelques spécimens pour alimenter son herbier et prendra le temps, avec d'autres gourmands, de s'alimenter de délicieuses baies sauvages.
L'étage supérieur révèle un nouvel aspect de cette géographie complexe et variée. De larges espaces sont occupés par la prairie. La lavande y poussait autrefois mais elle a laissé la place au pastoralisme. La montée finale s'effectue donc à découvert, le sentier oblique au milieu de hautes herbes vers le Col des Tunes (1229 mètres) où la troupe se regroupe pour une dernière halte énergétique. Le large panorama qui s'ouvre ici à nos yeux mérite bien que l'on s'y attarde. Le Ventoux y réapparaît bien dégagé sur fond de ciel bleu, avec un premier plan sur la Montagne de Banne, la Nible et une large vue sur la vallée où coule le Menon. Nous nous trouvons, à cet endroit, sur le parcours du Championnat de France de Trail 2014 où les fondus de course en montagne se sont affrontés, il y a quelques jours... Quelle chance de courir dans un tel environnement ! Eurent-t-ils le temps d'apprécier nos Baronnies ? En tout cas, faisant œuvre utile, nous nous chargerons de débaliser, en partenaires de l'épreuve, exigeants sur le respect de l'environnement, cette portion de parcours jusqu'au Poët-en-Percip, notre prochaine étape.
Mais avant cela, prenons le temps de redescendre prudemment vers la piste que l'on rejoint bientôt et que nous n'aurons plus qu'à suivre tranquillement pour atteindre le lieu de nos agapes du midi. Les douze coups sonnent au clocher de la petite église Saint-Simon au moment même où nous nous installons au pied de la Croix de la Granière, là où se trouvait autrefois une aire de battage du grain qui a laissé son nom à l'endroit. Francis, notre dévoué serre-file, qui a dû renoncer à nous accompagner ce matin en raison d'une petite fatigue passagère n'a pas pu résister à l'attrait d'un moment d'amitié randouvézienne et nous a rejoints : le spectacle vaut bien un déplacement. Bien installés face au Ventoux et à la Montagne de Banne, reprenons quelques calories... Car Daniel n'a pas caché que nous aurions encore quelques pentes à absorber.
Debout les braves ! Le village est vite traversé ((nous y venons régulièrement) non sans un regard à cette modeste église et son petit monument aux Morts. Tiens donc... Une frégate faite de pièces de bois hétéroclites se trouve au bord du chemin : la Mer de Téthys, en se retirant, aurait-elle laissé à l'échouage ce curieux navire ? Ou s'agit-il d'une réplique de l'Arche de Noë ? Nos neurones se mettront en route pour élucider la question tout en marchant vers le Gîte du Lièvre, là où reprennent les affaires sérieuses, à savoir l'escalade vers le Col de Sanguinet (1063 mètres). De là, c'est encore et toujours un large et beau panorama à déguster sans modération, le temps de se réhydrater ! Daniel repart, tous muscles tendus : ce n'est pas terminé, reprenant à nouveau le trajet du trail, la montée vers la crête de la Montagne de la Loube est une belle prouesse pour l'heure de la sieste... Et pas un ne calera.
Au sommet, la récompense du groupe sera la traversée de la remarquable hêtraie dont les feuillages au vert tendre forment de rafraîchissants ombrages sous lesquels l'odeur de l'humus rappelle la saison des champignons toute proche. Et bientôt, au sortir du bois, ce sont les pâturages qui réapparaissent... Le sentier nous ramène au Col des Tunes où s'amorce le retour. Mais, n'est-ce pas un peu court pour des marcheurs avides de sentiers ? Daniel, en parfait démocrate, suggère de faire un crochet jusqu'à La Rochette du Buis : l'unanimité se fait sur cette proposition, la preuve que nos organismes ont encore des ressources. Traversant les champs de lavandes, le cap est mis sur ce village, qui semble endormi quand nous y parvenons. Par deux fois, des séismes anéantirent ce bourg, en 1315 et en 1755 (le tremblement de terre de Lisbonne, qui acheva de mettre bas ce qui restait du château des Mévouillon) et le village ne renaîtra qu'au XIXème siècle.
Je sens un peu de lassitude, allons donc, reprenons la petite route qui traverse les prés avant de retrouver une ancienne piste derrière les ruines d'une bergerie où seules les abeilles donnent signes d'activité... Bientôt le sentier emprunté à la montée se présente à nouveau pour une descente infernale vers Saint-Auban. Le pied n'est plus aussi assuré, attention aux pierres et aux racines ! Et nous retrouvons la route puis le parking... « Heureux ? », semblent nous dire Daniel et Huguette... Bien sûr, nous avons eu la beauté des paysages et une journée radieuse et musclée... Point final, un bon rafraîchissement aux terrasses buxoises...
G. Langlois