Autour de Bénivay

 

 

Date : 18/10/2018  Difficulté :  Modérée
Accompagnateur : F. Gierts  Coordonnées UTM :
Participants : 26  Départ : 31T 674890 4906418 
Longueur : 13,7 km Pique Nique : 31T 674539 4904088 
Dénivelée : 670 m Difficulté IBP index : 68 
Carte IGN TOP 25 n° :  3139 OT & 3140 ET
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 7 km WNW 

 

Commentaires techniques :

 Le parking choisi se trouve en bordure de la D347, avant le village de Bénivay-Ollon au niveau de l’entrée du camping de l’Ecluse, au point 31T 674890 4906418. Prenez garde de garer votre véhicule de façon à laisser libre la zone de retournement pour ne pas gêner l’accès au camping.

Le circuit proposé par Francis est celui de « la boucle PR n°35 », dénommée « Au fil de l’eau », entretenue et balisée par Randouvèze, parcouru dans le sens horaire. Cet itinéraire porte bien son nom : il emprunte le lit et les bords de plusieurs ruisseaux : ruisseau des Granges au NE, ruisseau de Beauvoisin jusqu’à la banlieue de Propiac, puis à nouveau après le contournement de l’Auzière. La remontée vers le nord n’est plus aquatique, mais forestière et en bordure de vergers d'abricotiers et de plantations d'oliviers.

Nous avons marché pendant 4h et 11mn, à une vitesse moyenne de 3,3 km/h. Si l’on ajoute 2h et 04 mn d’arrêts, notre parcours aura été effectué à la vitesse moyenne de 2,2 km/h. L’indice d’effort est évalué à 68, ce qui caractérise une randonnée de difficulté modérée dans le format des randonnées du jeudi.

Merci Francis pour cette randonnée très plaisante, au fil des ruisseaux, des sentiers en forêt, et des pistes agricoles. Il y a même 400 m de goudron à la fin pour éliminer la boue des chaussures !

G. Thouard

Compte-rendu :

Et si nous redescendions aujourd’hui des crêtes des Baronnies pour emprunter des pistes et sentiers inhabituels ? C’est ce que propose Francis qui, abandonnant son sacerdoce de serre-file, va nous emmener sur la boucle PR « Au fil de l’eau » au départ de Bénivay. 

Partant du camping de l’Ecluse, au bord de l’Eyguemarse, 26 Randouvéziens vont se laisser guider au fil de l’eau sans penser au fil du temps, pour se faire un plaisir d’automne, en suivant le fil d’Ariane des marques jaunes peintes par Cathy, marraine de la boucle, et Philippe. Le serre-file du jour, quant à lui, sera Philippe (l’autre). Reste maintenant à broder une histoire sur ce qu’aura été cette randonnée.

Que croyez-vous qu’il se passa au cours de cette belle journée ? Peu de choses, en somme… Aussi, je ne saurais résister à l’envie de rappeler un peu d’histoire locale avant le départ. En effet, ne l’oublions pas, en des temps encore proches de nous, le tilleul de Bénivay était réputé et c’est dans la petite église Saint-Antoine que la Confrérie des Chevaliers du Tilleul des Baronnies célébrait l’ouverture des « saquettes » (cf. article d’A. Bosmans, Le Dauphiné Libéré du 6 Juin 1999). Bénivay fut aussi plus tristement connu comme un village de « détrousseurs » au Moyen-Âge, s’attaquant aux voyageurs empruntant le Col de (la) Vote. Vous y croyez, vous, à cette légende ?

Reprenons le fil de l’histoire. Pour nous entraîner, Francis aurait pu nous chanter un air connu : « Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive…elle mène mes troupeaux, au pays des olives, venez, venez, mes chevreaux, mes agnelets, dans le laurier, le thym et le serpolet… »… Nous filerons d’abord en direction de Beauvoisin avant d’aborder la partie humide de la randonnée. La piste nous mènera au milieu des champs d’oliviers dont certains sont habillés d’une pellicule blanchâtre qui leur donne un air surnaturel : c’est de l’argile blanche (kaolinite) pulvérisée pour les protéger des mouches prédatrices de l’olive. Les gourmands s’arrêtent un instant pour rêver devant un tas de prunes violettes en fermentation qui auraient pu finir plus utilement en confitures ! Les artistes s’interrogent sur ce qui pourrait sortir des mains artistes qui travailleront peut-être des souches d’oliviers déposées là.

Mais quand allons-nous arriver au bord de l’eau ?… Après que nous aurons pris le temps, parvenus devant le village de Beauvoisin, d’admirer ce large paysage dominé par la Baume Noire, au pied de laquelle se trouve la grotte de Mandrin qui abrita quelques jeunes Maquisards en Mars 1943, avant qu’ils ne rejoignent la Ferme du Linceuil. Puis le Col de Milmandre, le Saint-Julien dominant Le Buis, la Montagne de Banne et le Mont-Ventoux. Ce territoire agricole est couvert de vergers qui en font la réputation sur lesquels l’automne a déjà posé ses couleurs chaudes.

Allons-y maintenant de bon cœur pour le bain de pieds tant attendu. Quoique, le niveau semble bien bas… Le lit du Ruisseau des Granges est un peu boueux et, jonché de galets arrondis, ce pourrait être l’occasion de glissades malencontreuses que les parties charnues de nos individus auraient du mal à amortir mais qui feraient le régal des photographes ! Il ne vous reste plus qu’à imaginer la file de marcheurs, cherchant leur équilibre et le meilleur appui pour ne pas glisser. Fin du premier épisode aquatique.

Une fois franchie la D147 qui relie Propiac aux Jonchiers, c’est le lit du Ruisseau de Beauvoisin qui sera alors notre fil conducteur. Les pluies les plus récentes n’ont pas alimenté le cours d’eau de façon importante, aussi avons-nous à traîner une gangue collante sous les chaussures. « Hou, la gadoue, la gadoue, la gadoue… ». Le sol est aussi constitué d’argile et de marnes qui s’effritent sous nos pas… Les frileux craignant pour leurs mollets en seront pour une bonne lessive ce soir ! Et dire que nous aurions pu emprunter la route parallèle au ruisseau jusqu’au village de Propiac les Bains (de pieds, de boue ?). Fin du deuxième épisode aquatique.

Peut-être pourrions-nous reprendre un peu d’altitude, car nos bons marcheurs semblent en manque de dénivelée. Francis nous emmène alors sur une belle pente : la piste de l’Auzière qui permet de « monter en régime » avant de redescendre vers Les Blaches au milieu de vergers par une piste caillouteuse puis le Ravin de l’Auzière. En bas, un nouveau passage « pieds dans l’eau », dans une végétation abondante. Et si Manon des Sources surgissait tout à coup ? Ce ruisseau se jette plus loin dans le Ruisseau de Beauvoisin… qui alimente l’Eyguemarse… dont le cours prend fin dans l’Ouvèze aux Trois Rivières. Nous rejoindrons à quelques pas, après avoir longé un champ d’abricotiers, la petite route de Propiac à Mérindol. Fin du troisième et dernier épisode aquatique.

La matinée s’avance, il est l’heure de penser à la biasse du randonneur. Francis, soucieux de notre bien-être, a décidé que les nourritures terrestres n’empêchent pas une certaine élévation : il faut bien les mériter… Après un intermède sur le bitume, la pente s’annonce déjà parmi les ajoncs et les genets scorpions. Parvenus au sommet, comble du luxe, ce sont des places en balcon qui nous ont été réservées : le Ventoux, Mérindol les Oliviers, les champs d’abricotiers et d’oliviers, les vignobles des Cinq Terres sont devant nos yeux dans la lumière d’une fin d’automne qui ressemble à l’été ! Nous sommes ici en limite des Baronnies. Mollans, toute proche, surmontée de son château massif, en est la porte d’entrée. Les villages se partagent entre Drôme et Vaucluse, territoire de transition entre deux univers, la plaine du Comtat et les montagnes baronniennes.

L’après-midi sera une sympathique déambulation. Vues sur le vieux village de Mérindol et le donjon qui fut reconstruit ces dernières années par un courageux particulier, passage au Col de Propiac (525 mètres). Les terres ocrées témoignent de la géologie spécifique de cet endroit. Le diapir* de Propiac est à l’origine de la minéralisation des eaux dont les vertus thérapeutiques furent signalées dès le XVIIIème siècle par un médecin buxois, Jean-François Nicolas**. Un premier établissement thermal fut créé en 1825. Du sentier que nous empruntons, nous pouvons apercevoir ce qui reste de la station thermale, notamment le Grand Hôtel. Elle fut en activité jusqu’en 1985. Néanmoins, un atelier d’embouteillage y fonctionne encore.

Nous ne retrouverons Bénivay qu’après avoir affronté un ultime raidillon où il nous faudra encore transpirer un peu, courbés sur nos bâtons, sur un terrain peu sûr et glissant. Petit crochet sur un sentier ombragé et rafraîchissant après cet effort avant de redescendre en douceur vers Bénivay. Après la cabane des chasseurs où se trouve exposé leur tableau du jour, la piste nous ramène au camping puis au pont sur l’Eyguemarse… Quelques centaines de mètres pour rejoindre les voitures et nous aurons terminé cette boucle plaisante et variée.

Merci Francis. Et maintenant, « elle file, file, file la route qui va vers… » Buis où nous attend une accueillante terrasse.

Gérard Langlois.

* « Un diapir (du grec diapeirein, percer au travers) est une structure résultant de la remontée de roches plus légères à travers des roches plus denses. Elle est constituée de roches facilement déformables, telles que le sel, ou encore le gypse, les magmas, les boues, etc… remontant vers la surface sous l’effet de la poussée d’Archimède » - Source : Futura Planète.

**Pour de plus amples renseignements sur ce riche territoire, on pourra consulter utilement l’ouvrage de Christian Montenat : « Baronnies Provençales, Des terrains, des paysages et des hommes » - Omniscience 2013