Gorges de l'Eygues

Date : 09/01/14 Difficulté : Moyenne
Accompagnateur : M. Benoit Coordonnées UTM :
Participants : 38 Départ : 31T 0680422 4920426
Longueur : 13,5 km Pique Nique :
Dénivelée : 800 m Autres :
Carte IGN TOP 25 n° : 3139 OT
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 30 km N

 

Commentaires techniques :

Randonnée en boucle depuis Sahune (Drôme), à la sortie des Gorges de l’Eygues, sur la D94. 7h avec arrêts. Partir du parking haut dans Sahune (31T 0680422 4920426 – 370m). Prendre le GRP des Baronnies balisé jaune et rouge, jusqu’à l’entrée sud-ouest de Villeperdrix. Passer au point La bergerie (31T 0680850 4921763 – 630m), traverser le ruisseau du Grand Ubac (31T 0680999 4922237 – 455m) puis franchir le col des Estouves (31T 0681177 4922864 – 520m), non noté à IGN. Contourner ensuite Villeperdrix par le sud, traverser la route D570, la remonter sur 100m et au point 31T 0682118 4923268, la quitter pour prendre à droite un chemin sud-est qui amène au sentier balisé jaune (carrefour 31T 0682346 4923023 – 456m). Poursuivre le sentier en balcon au-dessus des Gorges de l’Eygues et redescendre sur le pont routier qui enjambe l’Eygues (31T 0682870 4922701 – 413m). Remonter le petit vallon plein sud jusqu’à contourner la ferme du Laup par le nord. Traverser d’est en ouest la forêt sous le Baridier. Descendre, toujours sur le balisage jaune, les Berges en sud-sud ouest, jusqu’au hameau La Buse où l’on coupe la petite route qui monte au Rocher de Bramard (31T 0681350 4920662 – 366m). Rejoinder Sahune et retraverser l’Eygues.

F. Guerbette

Compte-rendu :

Ouf ! Nous voilà sortis de cette période de fêtes, bien agréable il est vrai, mais parfois éprouvante pour nos organismes. Ce sont donc près d’une quarantaine de courageux qui se retrouvent à Sahune, la porte des Gorges de l’Eygues, pour cette première randonnée de l’année, préparée par Marcel et Gaston, nos duettistes experts ès Baronnies. Il est vrai que le programme semble adapté pour une remise en jambes… et puis, c’est le plaisir de nous retrouver entre amoureux de nos belles qui ont pour noms Angèle, Vanige, Chamouse, Miélandre et tant d’autres.

Sacrifions aux sympathiques prémices des embrassades et chaleureuses étreintes de nouvel an, pour que 2014 nous soit propice et bienfaisante. Mais point trop n’en faut ! Marcel donne le signal du départ. Marcheurs, ayez une pensée émue pour les 80 cordonniers de Sahune dont le savoir-faire exceptionnel fut une richesse au XIXème siècle ! Le sentier monte rapidement en balcon au-dessus du village, au pied du Devès Après les champs d’oliviers nombreux sur ce territoire, nous abordons une nature plus rude et sauvage et ce chemin de montagne nous conduira jusqu’à La Bergerie (630 mètres) pour une halte qui nous fera découvrir ce paysage dominé par Angèle, malgré l’absence de soleil.

Entre temps, à la montée, c’est l’Eygues dont nous aurons pu découvrir les eaux aux couleurs de jade, traçant son sillon vers Nyons pour rejoindre le Rhône qu’elle abonde de ses eaux impétueuses. Une question au passage, qui pourrait nous dire pourquoi l’Eygues, depuis sa source au pied du sommet de Peyle et dans son parcours haut-alpin et drômois, devient l’Aygues (ou Aigues ou Aigue) en Vaucluse ? (étymologie: de l’occitan aiga ou du provençal aïgo venant du latin aqua, l’eau). Et surmontant la vallée, le Rocher du Bramard présente son profil au nez de sioux, avec l’air de nous braver ! A quand cette belle escalade ?

Revenons à La Bergerie où la pause prend un peu de temps. Il est vrai que la douceur de cet hiver improbable nous a donné chaud. Alors, profitons-en pour admirer la « Belle Angèle » qui, ayant perdu le manteau blanc qu’elle avait endossé il y a quelques semaines, nous présente ses courbes pleines dénudées. La logique voudrait que nous prenions la direction du Marcel, mais le dit Marcel qui n’en est pas à une surprise près en a décidé autrement, il nous fait prendre le chemin de son village, Villeperdrix, dont le clocher émerge au loin.

Nous enchaînerons ensuite montées et descentes (parfois glissantes en sous-bois) dans un environnement d’une beauté simple, où le caractère montagnard le dispute à la sérénité des paysages, avec Angèle omniprésente au-dessus de nous. Les pluies de l’automne et les premières neiges ont alimenté ruisseaux et torrents. Un passage à gué un peu plus large que les autres oblige à faire un peu d’acrobatie. Les figures libres sont plus ou moins élégantes, les premiers encouragent (ou se moquent, allez donc savoir) les suivants, l’essentiel étant de ne pas se retrouver les pieds dans l’eau fraîche ! Tout cela se fait dans la bonne humeur avec en fond sonore le chant des cascades… C’est la « gué pride » en Baronnies ! Il faudra encore franchir quelques obstacles du même genre avant de rallier Villeperdrix.

11 heures 30, la matinée est bien avancée, Marcel en tête du groupe s’étrangle : « Et Clément ? Je ne l’ai pas entendu ! Où est-il ?»… La réponse viendra bientôt, notre dévoué garant des règles de bonne conduite nous a abandonné pour cueillir ses olives, un sport sacré au Buis. Rassurés, nous pouvons poursuivre sereinement notre périple qui nous amène aux abords du village que nous contournerons non sans en admirer la silhouette sous un pâle soleil qui peine à percer les nuages. Bien entendu, notre guide nous fera partager la connaissance experte de son territoire qu’il fréquenta « tout gamin » avant de s’y installer la retraite venue.

Et déjà il faut penser à reconstituer nos réserves car midi sonne au clocher tout proche. Mais avant cela il faudra venir à bout de cette jolie pente qui par un sentier caillouteux nous mènera là-haut. En chemin, une rencontre inattendue : un artiste local poussant sa brouette sur ce chemin étroit, après avoir fait sa récolte de bois mort d’où il fera sortir d’élégantes formes. Ce balcon sur lequel nous progressons offre encore de belles vues sur l’Eygues et son parcours tortueux comme un serpent vert au milieu des champs d’abricotiers. En face, Gaston nous désigne le chemin que nous devrons escalader pour le retour vers Sahune.

Après quelques hésitations, notre groupe s’installera au bord du chemin, bien assis sur de solides cubes de rochers pour les agapes… Le mot est à peine trop fort, l’envie de fêter l’an nouveau a pris le dessus sur les bonnes résolutions de modération. Saint-Maurice, Vinsobres, Puyméras,… Cela vous parle-t-il ? Et la fougasse aux olives d’Alice ? Et le gâteau au chocolat de Gérard ? Et les croquants d’Huguette et les biscuits et le chocolat ? Et, en supplément gratuit, les annonces du président : sorties, animations, formation…

Top départ : la mise en route est lente et progressive, mais nous voilà tous au sommet de la descente vers l’Eygues. Waahhh !!!... Que le pont est bas ! Le sentier caillouteux est abrupt et la prudence s’impose, mais une fois de plus il n’est rien d’impossible à des Randouvèziens avisés et disciplinés… Nous voilà déjà sur la route, non sans avoir pris le temps de profiter du point de vue. Au pied de la falaise, une plaque marque la hauteur de la crue du 13 Août 1868, c’est impressionnant. Ce jour là, tous les ponts furent emportés, à l’exception du Pont de la Tune et du Pont Roman de Nyons qui seuls résistèrent. D’autres crues mémorables, notamment celle de 1914, furent à déplorer dans ces gorges où la route, dont la réalisation fut décidée par Napoléon Ier, ne fut ouverte qu’à partir de 1848, au prix d’énormes et difficiles travaux.

L’itinéraire va maintenant nous faire prendre le chemin du retour par la rive gauche de l’Eygues et, dès le pont franchi, c’est une belle pente qui s’offre à nos mollets. Les calories du pique-nique vont pouvoir s’éliminer sur le sentier rocailleux qui mène à la Ferme de Laup. La suite sera plus confortable, alternant à nouveau sentiers en sous bois puis en surplomb de la vallée, avec Sahune en perspective et les méandres de l’Eygues, sous le soleil revenu. Le Rocher de Baridier et le Rocher de Bramard nous dominent  de leur masse. Quelques passages plus vertigineux nécessiteront un peu de vigilance, mais Gaston est là pour prévenir et donner un coup de main pour ces franchissements aléatoires. En tout cas, cela ne semble pas troubler la sérénité du groupe qui, profitant à plein du paysage, poursuit ses conversations animées.

La descente est amorcée, la traversée de quelques marnes valanginiennes, glissantes oblige encore à un peu de souplesse et de prudence. Le vieux village, progressivement abandonné après l’ouverture de la route, est en vue. Il n’en subsiste que des ruines, dont celles du château, rasé sur ordre de Richelieu, et de la Chapelle Saint-Michel et Saint-Georges partiellement restaurées. Bientôt nous retrouvons les champs d’abricotiers et d’oliviers… Une dernière pente pour retrouver le chemin perdu pendant quelques dizaines de mètres et s’ouvre le boulevard des berges de l’Eygues. La troupe est un peu dispersée, y-aurait-il un peu de fatigue au terme de cette première sortie de l’année ? Une boisson reconstituante au bar du village sera la bienvenue pour quelques uns d’entre nous avant de reprendre nos itinéraires respectifs.

A propos, savez-vous que le nom de Sahune aurait pour origine, selon une vieille tradition assez peu fiable, l’exclamation  « assez d’une ! », tant le village aurait plu à son créateur. Quant à l’origine du nom latin Asseduna (ou Ansaduna), elle reste incertaine. Merci en tout cas à notre tandem, Marcel et Gaston, de nous avoir menés sur ce beau circuit baronniard.

G. Langlois.