Accès depuis Buis les baronnies : Sault ; Saint Jean de Sault ; Hameau de Sarraud.
C’est le premier jour du printemps pour cette randonnée plein soleil. Le ciel étale un bleu pur et intense, cadeau de la petite caresse de mistral sans méchanceté qui nous accompagne toute la journée. Cette balade facile et sans grande dénivelée sur le plateau de Sault est très populaire parmi les amis de Randouvèze. Certains l’ont déjà faite plusieurs fois et sont toujours aussi enthousiastes pour redécouvrir les curiosités rurales attachantes de ce parcours jalonné de bories et d’ayguiers. Pas étonnant que nous soyons 37 au départ de ce circuit de 14 km, non loin des quelques maisons de Savouillon, à 1000 m environ d’altitude.
Dans une clairière au milieu des pins, nous découvrons bientôt les ingénieux ayguiers de Travignon. Ce sont de grandes dalles de calcaire bosselé, légèrement inclinées, que l’on appelle «impluvium», permettant la récupération des eaux de pluie ruisselantes en les conduisant par des rigoles vers des bassins à ciel ouvert ou surmontés de pierres sèches formant une voûte de forme appropriée. Nous remarquons le grand soin apporté à la taille des petits canaux creusés à la force du poignet, avec les outils rudimentaires de l’époque. Des marches permettent d’accéder à l’eau. Ce système procurait une eau précieuse aux quelques maisons de Travignon, situées juste au pied de la pente. Ce minuscule hameau, qui comptait une trentaine d’habitants début 1900, a été décimé par la guerre de 1914-1918. Comme traces de vie, il reste quelques pièces d’habitation et deux fours à pain au milieu des grands pans de murs qui s’émiettent. Un amandier en fleurs apporte, comme uns consolation, son bouquet de tendresse inattendue au milieu de ces ruines.
De combes en ravins largement ouverts sur la ligne bleue des montagnes du
Lubéron, nous marchons souvent sur de grandes pistes caillouteuses. La pause
pique-nique se tient dans un site qui contient quelques curiosités
étonnantes. Deux belles auges en calcaire creusé sont placées près du
couvercle d’une citerne profonde, improvisée dans un aven. De l’eau, à la
fois pour les hommes et les animaux, sur ce plateau excessivement aride et
aux sources rares. Inventivité incroyable et à chaque fois appropriée au
terrain, d’une poignée de gens qui se sont entêtés à vivre dans ce pays sec
et caillouteux.
Une très belle clairière dans les pins nous propose une borie aux formes
d’un galbe superbe, aussi belle à l’extérieur qu’à l’intérieur. Un petit
âtre et un fagot de bois suggèrent le réconfort pour ceux qui seraient
perdus ou transis de froid.
Les aiguiers bessons, ou jumeaux, sont composés de deux bassins à ciel
ouvert, séparés par une sorte d’arche calcaire naturelle. Un panneau
explicatif nous dit que l’on n’en connaît pas la date de creusement. Ces
réserves d’eau servaient à abreuver les troupeaux se déplaçant sur la
grande draille qui reliait Apt à Sault.
La grande borie de la Cassette est superbe, posée sur sa réserve d’eau. Un
panneau explicatif nous dit l’ingéniosité de la récupération de l’eau pour
des structures attenantes.
Le grand aiguier couvert de Gayéoux ferme la boucle. Il est magnifique et
intéressant. Son impluvium est particulièrement développé, avec un système
astucieux de canaux sinueux et un bassin de filtrage permettant de récupérer
les feuilles ou autres branchages pouvant polluer ou obstruer la citerne.
Le groupe a bien l’intention d’immortaliser cette sortie et de s’approprier
cette borie très spéciale en posant devant elle, presque au complet, puisque
Jacques se dévoue pour la photographie où l’égoïste reporter-photographe y
figure, pour une fois !
Nous avons vu d’autres bories et ayguiers tout au long de notre parcours. Je ne cite que ceux qui nous ont le plus frappés. Tous mériteraient pourtant que l’on s’y attarde ! On le fera peut-être la prochaine fois…
Annie Molinet Reporter-photographe du jour
Si vous disposez de Google Earth, vous pouvez visualiser la trace en 3D.