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Coordonnées GPS (UTM) des points de départ 31T 0673295 4925543 et pique-nique 31T 0674475 4926788
Le
temps un peu gris et brumeux au départ du Buis met un peu d’incertitude dans nos
esprits lors du trajet du Buis vers le Col d’Ey, le Pont de Curnier, puis en
direction des Gorges de St Féréol-Trente-Pas. Nous sommes 14 au parking du Col
de Valouse (735 m) à entreprendre la montée très longue et très raide qui doit
nous mener vers le sommet de Miélandre. Le sentier de terre se faufile à travers
un grand bois de feuillus accrochés sur des pentes interminables. Quelques
acrobaties sont nécessaires pour ne pas s’étaler sur le sol glissant comme une
savonnette, là où il tend à pencher, comme par un fait exprès, du côté pentu,
suggérant le vide. Puis nous quittons la fraîcheur un peu moite des bois pour
attaquer la haute pelouse d’altitude toute en rondeurs, dont l’austérité nue me
rappelle, je ne sais pourquoi, les Hautes Fagnes des Vosges ! Une belle vue se
dégage vers le nord, sur une infinité de sommets brumeux et sur une belle
vallée, au bout de laquelle l’on devine la petite ville de Dieulefit.
Un
troupeau de moutons est visiblement là chez lui, avec une petite cabane de
berger en contrebas pour veiller sur son bien-être. Le mistral
nous invite à nous couvrir tandis que nous évoluons au milieu de volutes de
nuages tentaculaires qui nous cachent et nous découvrent tour à tour. De la
plaque du sommet, à 1451 m, vue infinie sur un grand banc de brouillard opaque…
Nous sommes trois petits groupes de randonneurs à jouer à cache-cache dans les
nuages de la crête, à nous croiser et recroiser en échangeant des politesses
complices. Nous piquons en biais à travers prés et rejoignons un bois de hêtres
d’altitude à la taille impressionnante. A leur pied, une prairie abritée du vent
nous offre un bel endroit pour le pique-nique, avec en prime une vue bleutée à
plus de 180° sur Angèle, les Baronnies et le Ventoux, dont nous devinons les
formes plus que nous ne les voyons dans la brume qui persiste avec entêtement.
Après une longue contemplation de l’horizon, et un réchauffage au soleil, nous
entamons une descente épique sur un sentier qui fonce tout droit vers un enfer
sans fin de cailloux à croche-pattes ou à dérapages plus ou moins contrôlés.
Cela fait du bien quand cela s’arrête sur un sentier enfin civilisé au pied de
cette montagne sans merci. Le mistral a vaincu la brume. Le ciel a enfin
retrouvé son bleu de Provence. Le soleil jette à plaisir une débauche d’or sur
les grandes brassées de genêts qui montent à l’assaut de la montagne et nous
font une haie d’honneur royale sur toute la fin de notre parcours. Le hameau de
Valouse nous présente ses belles vielles fermes, sa chapelle, sa fontaine et son
minuscule cimetière à la gloire de jeunes de 20 ans, morts pour la Patrie en
1918. Au-delà de Valouse se situe un épisode émouvant de la journée, dont les 14 Randouvèziens présents se souviendront encore longtemps ! A la croisée d’un
chemin pris le matin, Hélène et Francis partent à la quête du bâton de marche en
bois sculpté par un berger, perdu par Hélène en début de journée. Hélas, malgré
une longue recherche, et la patiente attente du reste du groupe, le précieux
souvenir ne sera pas retrouvé. C’est à ce moment pathétique de leur retour que
les randonneurs amis déjà croisés brandissent vers nous un bâton de marche
qu’ils viennent de trouver ! Gag ! C’est le mien, oublié juste avant, un peu
plus haut, pour faire des photos ! Je venais juste de m’en rendre compte, et
voilà qu’on me l’apporte ! Ces émotions valent bien un petit arrêt pour prendre
ensemble le pot de l’amitié dans un troquet du Buis !
Annie Molinet Reporter-photographe du jour
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