Compte-rendu : Nous attendions avec impatience, ce séjour raquettes à Pont du Fossé, dans le Champsaur, où déjà avait eu lieu un séjour randonnée en Juin 2012, dans le massif des Ecrins. Clément, maître d’œuvre du projet, avait bien planifié toute l’organisation et plus particulièrement les trois sorties inscrites au programme. Et pourtant, s’il fallait donner un titre à ce séjour, je vous proposerais bien celui de « raquettes surprise ». En effet, notre GO aura dû faire preuve de réactivité pour satisfaire son groupe tant les éléments naturels se seront amusés à lui jouer des tours. Nous espérions la neige en quantité suffisante pour ne pas connaître la même déception qu’à Vassieux, lors de la journée nationale « Raquettes en Fête » : Météo-France l’avait annoncée depuis quelques jours et nous en eûmes à satiété. Par un hasard facétieux, le Département des Hautes-Alpes était dès le Dimanche soir en alerte maximum en raison d’abondantes chutes de neige et des risques d’avalanches qui en résulteraient. Imaginez-donc nos interrogations ce Lundi matin à 8 heures, sur la Place du Quinconce : quelles conditions de circulation trouverions-nous et quelle route serait la meilleure ?... Après concertation, chacun fit comme il le sentait, par le col d’Ey ou par les gorges de la Méouge. Nous nous sommes, finalement, tous retrouvés à l’heure du déjeuner au Gîte de l’Ancolie, après quelques péripéties mais indemnes pour commencer notre séjour en prenant notre premier pique-nique bien installés, au chaud, à la table de notre établissement d’accueil… Nous voilà maintenant prêts à mettre nos raquettes pour affronter la neige. Mais où donc pourrions nous aller, car il est impossible de monter à Serre Eyraud, là où nous aurions dû nous rendre pour la première randonnée prévue au programme ? Tous les massifs sont inaccessibles. Bien entendu, Clément est un homme de ressources et nous partons raquettes aux pieds pour un tour de chauffe, comme l’on dit en Formule 1, en direction du Drac dont les flots impétueux coulent en fond de vallée à proximité du gîte. Entretemps, le soleil a fait une apparition et nos premières enjambées nous permettent de découvrir un paysage splendide, scintillant de millions de cristaux. Les premiers obstacles à franchir sont toujours un peu pénibles, car ces fichues raquettes sont bien encombrantes et il nous faut réapprendre à marcher. Mais le groupe est réceptif aux leçons des plus expérimentés, la maîtrise (ou presque) n’est pas loin ! Pendant deux petites heures, nous nous roderons en empruntant les traces que des randonneurs belges d’un autre groupe auront eu la bonne idée de nous préparer. L’Europe bien comprise est une belle idée. Nous longeons le Drac jusqu’au hameau des Ricous puis nous nous dirigeons vers Pont du Fossé par l’autre rive. Nous cheminons en suivant le remblai d’une voie ferrée venant d’on ne sait où et semblant aller nulle part. Le soleil s’est escamoté subrepticement et de nouveaux flocons se mettent à tomber. Courage ! Un bref arrêt à l’abri d’un rocher permet de faire le point et de distribuer quelques friandises réconfortantes. Nous progresserons ainsi en suivant cette trace, après quelques virages et le franchissement du torrent (à pieds secs sur un pont), pour atteindre le camping du village. Les conditions ne sont pas idéales et l’enthousiasme ne semble pas à son plus haut niveau. Nous allons donc rejoindre notre point de départ, après avoir déchaussé, par le bitume qui est réapparu suite aux passages répétés des chasse-neige. Une bonne boisson au gîte serait appréciée de tous, nous sommes ici, après tout, pour nous faire plaisir ! Ce fut donc le début d’une très sympathique soirée, chacun prit ses quartiers avant que nous ne nous retrouvions au salon devant la cheminée avant de sacrifier (ce verbe me paraît impropre), un peu plus tard, à l’apéritif incontournable pour chauffer encore un peu plus l’ambiance. Le ti punch fut très apprécié. Après un dîner copieux, parties de tarot et de Scrabble, lecture, conversations, mirabelle AOP Lorraine 1987 ont permis de terminer dans la bonne humeur cette journée bien chargée… Bonne nuit les Randouvéziens ! Deuxième journée… qu’allons nous trouver au réveil ? Ô surprise, un magnifique soleil resplendit, annonçant une belle journée. Nous sommes prompts, après le petit-déjeuner, à nous mettre en ordre de marche et gagnons même une demi-heure sur l’horaire prévu, quelle impatience ! Clément a projeté de nous emmener sur le circuit initialement prévu hier, à Serre Eyraud. Pour rejoindre cette petite station familiale toute proche, à 1500 mètres d’altitude, les chaînes sont recommandées car la route est encore difficile. Nous y sommes : raquettes aux pieds (évidemment) nous franchissons le premier gros talus de neige qui gêne le passage et, plouf !!!, nous nous enfonçons dans un épais matelas de neige à plus de mi-mollet (pour les plus grands). Les amis Belges ne sont pas encore passés ici et nous allons devoir faire nous-mêmes notre trace. Déjà le doute s’immisce dans les esprits de nos chefs, la tâche sera rude pour effectuer le circuit dans sa totalité. Néanmoins, sans rechigner, chacun se met au travail (un comble !) pour aller de l’avant : la méthode des cyclistes semble la plus adaptée, une véritable course de relais qui permet aux organismes de ne pas s’épuiser. Même les dames s’y sont mises ! Clément veille à la sécurité du groupe et clame ses consignes à l’approche des points délicats où se situent les risques d’avalanche. En effet, tout au long de la matinée, nous entendrons au loin les pétards des pisteurs. Inutile de dire que la progression est lente et je me garderai bien de donner notre moyenne horaire. Nous irons ainsi, en direction des Auberts, jusqu’à une coulée de neige plus importante. Après une exploration préalable de Gérard, sous le contrôle vigilant de Francis et Clément, la sage décision est prise de faire demi-tour. Nous ne déjeunerons pas à la source comme prévu. Nous allons donc retourner sur nos pas d’une allure nettement plus rapide et alerte, nous avons bien travaillé à l’aller et la trace est superbe. A quelques encablures de nos voitures un petit abri nous permet de sortir nos victuailles et nous pourrons ainsi prendre un peu de repos et de réconfort dans la bonne humeur coutumière. Notre joyeuse équipe terminera ainsi son périple dans la neige puis par la route pour retourner aux voitures stationnées un peu plus haut, près des remontées mécaniques qui ont repris leur rotation après l’arrêt prolongé du matin qui permit aux pisteurs de sécuriser les pistes de ski. Toutefois, il nous semble bien tôt pour réintégrer le gîte et nous terminerons la journée à la base de loisirs d’Orcières où se trouvent un anneau de ski de fond et un circuit raquettes plus confortable. Deux kilomètres de supplément à nos compteurs avant de retourner nous reposer. Inutile de préciser que la deuxième soirée à l’Ancolie sera en tous points semblable à la première, sans aucune mélancolie (excusez-moi, mais je ne voulais pas la rater celle-ci) : jeux, conversation au salon, apéritif, cuisine riche et soignée, météo du lendemain (peu engageante)… Faites de beaux rêves enneigés ! Troisième journée… De bonne heure, sur le parking, se croisent déjà quelques raquetteurs matinaux, rangeant méticuleusement leur coffre de voiture. L’humeur est toujours joyeuse au petit-déjeuner, malgré la météo plutôt maussade : la neige, fine, est de retour. Gérard paraît peu enthousiaste, va-t-il nous lâcher ? Il aurait dormi sur la banquette du salon : pourquoi donc ? Le programme adapté, allégé que notre Clément nous annonce le convainc-t-il de se reprendre ? Il reste ! Nous prenons en convoi la direction de Champoléon, aux portes du Parc National des Ecrins, où coule en fond de vallée le Drac Blanc. Après avoir quitté la départementale, une couche de neige recouvre déjà la chaussée. Le temps est vraiment gris, les nuages sont bas. Mais nous gardons le moral et chaussons une dernière fois nos raquettes au hameau des Borels (1281 mètres), le premier des onze hameaux qui constituent la commune. Après avoir franchi le pont sur le Drac, nous nous acheminons vers le hameau des Gondoins (1325 mètres). Ce matin, nous avons la chance, au départ, d’avoir une trace, certes un peu étroite, qui nous permet de parcourir plus facilement les premiers hectomètres. Mais bientôt nous bifurquons et devrons, là encore, ouvrir une trace parmi bosses et talus pour suivre l’itinéraire balisé. Nous déchausserons pour rejoindre Les Beaumes (1340 mètres) par la petite route. C’est l’occasion d’un arrêt photo avant la pause vitamines au pied du rocher sur lequel émerge à peine une croix latine (ou croix de la Passion). Ainsi va se poursuivre la matinée, en cherchant le meilleur chemin pour tenter d’effectuer une boucle qui nous ramènerait aux voitures par l’autre rive du Drac. Mais la tâche s’avèrera difficile car les bras du torrent constituent des obstacles complexes à repérer dans une neige aussi abondante. Un arrêt pour la photo du groupe à l’entrée d’un modèle réduit du pont de la rivière Kwaï permet de faire un point. Finalement, nous serons contraints de remonter vers Les Beaumes où nous ferons notre pause-déjeuner, au bord de la route, assis sur une banquette de neige. De temps en temps, une percée dans les nuages permet de mieux profiter du paysage somptueux des montagnes qui nous entourent. Les coulées d’avalanches y sont nombreuses. Nous reprenons la route, ensuite, pour la partie finale, avec un soleil soudain réapparu qui enchante le décor ondulant où, bientôt, le printemps fera renaître une nature généreuse, dont la faune et la flore sont ici exceptionnelles. Derniers efforts, dernières traces à ouvrir, dernières hésitations sur le chemin à prendre… Un petit regret, car le temps passé à ouvrir le chemin n’aura pas permis de visiter ces petits hameaux authentiques, endormis sous la neige. Profitons néanmoins de l’instant présent et du paysage éblouissant jusqu’au parking où les véhicules sont bien là à nous attendre. Les aléas de ces trois journées auront finalement pimenté le séjour, les efforts fournis et les changements au programme n’auront pas altéré l’ambiance et la motivation du groupe. Un peu de fatigue peut-être au bout du compte ? En tout cas, ce territoire déjà exploré par certains Randouvéziens, mérite d’y revenir pour en connaître les différents visages, avec d’autres lumières et palettes de couleurs. Selon l’usage, remercions l’initiateur du projet, Clément, inépuisable organisateur, mais aussi l’ensemble du groupe qui a œuvré pour la réussite du séjour et n’a pas ménagé ses efforts compte tenu des conditions climatiques : les meneurs, les fantassins et nos dames infatigables. Un grand merci aussi à Marc et Evelyne pour l'accueil chaleureux qu'ils nous ont réservé dans leur gîte de l'Ancolie. Gérard Langlois. Photos : V. Cortes, G. Thouard, C. Malbois. F. Guerbette, Ph. Jouffroy et Cl. Formet.
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