Départ : 31T 0634302 4889852
Grosse surprise pour le groupe de 26 arrivé dans le petit village viticole de Chusclan, de bon matin sur les bords du Rhône : un mistral à tout va nous fouette le visage dès la sortie des voitures. Il nous accompagnera toute la journée avec une constance dont nous nous serions bien passés, rendant nécessaire bonnets et gants, et surtout un bon vêtement bien épais et bien chaud. Certains, se croyant sans doute déjà au printemps, avaient déjà relégué ces protections insolites au fond de leur placard et s’en mordaient les doigts. Ils survivront cependant.
Notre premier but est l’ascension à travers bois d’une modeste montagne surmontée d’une antenne. Pas vraiment romantique! De nombreuses branches fraîchement cassées nous barrent maintes fois le sentier. De toute évidence, la neige récente était abondante et lourde, et semble avoir provoqué quelques dégâts. Le premier point de vue n’en est pas un : brouillard à perte de vue ! Pas de Ventoux, rien ! L’immense site de l’usine de recherche et de retraitement nucléaire de Marcoule n’est qu’un dessin en filigrane dans les brumes glacées du matin. Nous descendons entre les murs sévères d’une végétation touffue de chênes kermès, d’arbousiers et autres plantes méditerranéennes qui nous protègent du vent violent. Nous traversons quelques espaces de vignobles en pleine activité. Les vieux ceps rabougris se font tailler tout nus par des brigades encagoulées contre le froid.
Rocher-château de Gicon en vue sur une autre montagne ! Le site est impressionnant et prometteur. Mais avant de partir à l’assaut, il faut prendre des forces et se sustenter quelque peu. Dans le vallon, un abri ouvert aux quatre vents nous attend, avec de belles grandes tables et des bancs en bois. Il suffit de déballer les sacs ! A côté de moi, sandwichs, soupe chaude, sprats et maquereaux fumés, salades de carottes, de riz, de nouilles, sont vite engloutis. Peu de bouteilles de vin rouge, aujourd’hui. C’est comme si on ne croyait pas dans les vertus calorifiques des bouteilles glacées. Quelqu’un prétend réconforter avec quelque chose de plus fort, du « feu », paraît-il. Peu de desserts. Personne ne rêve de s’attarder. Vite, qu’on s’en aille et marche pour gagner le château ! Nous montons au milieu de haies de romarin sauvage où quelques petites fleurs bleues se font entrevoir. Différentes sortes de pins (d'Alep, sylvestre et autres) ont parsemé le chemin d’incroyables pommes géantes, rondes ou longues. Un porche imposant et une superbe calade accueille les visiteurs du château, dont les parties les plus anciennes datent du XIIe siècle. Il y aurait même des vestiges romains. Le tout semble avoir été relevé de ses ruines très récemment. C’est en fait une petite cité, tant il y a de logis, de bergeries, de citernes de tours et détours. Des escaliers mènent vers l’extérieur où, en contrebas, se trouve une grotte naturelle de… 85 millions d’années ! Qui dit mieux ! Du mur d’enceinte, la vue plonge sur les vignobles qui inscrivent leur graphisme dans le paysage gentiment montagneux du pays de la Cèze.
Un magnifique sentier de découverte sablonneux nous ramène lentement vers le village. C’est une belle occasion de faire connaissance avec la végétation très riche de cette région de corniches de grès gris ou doré, ou de calcaire. La vedette du jour est la salsepareille qui s’élance en longues lianes piquantes vers la cime des arbres, montrant à la fois ses fleurs verdâtres et les fruits rouge vif de l’automne dernier. Un clin d’œil géologique : sur le sol, quelques affleurements de roches gréseuses plissées, c’est tout ce qui reste de la baie de Pont-St-Esprit, d’il y a 100 millions d’années. En route, une envie de découvrir qui ne sera pas assouvie aujourd’hui : la fier château du Jonquier et sa petite voisine, une chapelle, qui dominent le paysage, entre les forêts, par-dessus les vignes.
Le village de Chusclan est toujours dans la brume. Son église est ouverte et nous y faisons un tour. Nous sommes surpris par son intérieur, très bien entretenu. Nous y découvrons un chœur de style roman merveilleusement décoré.
Nous avons tous apprécié la variété des découvertes de ce jour, de l’autre côté du Rhône, grâce à la parfaite connaissance des lieux par notre Président, Bernard Dubesset. Merci à lui et aux amis qui ont préparé la sortie !
Annie Molinet
Si vous disposez de Google Earth, vous pouvez visualiser la trace en 3D.