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Le Tour du Riable

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Date : 25/04/13 Difficulté : Moyenne
Accompagnateur : L. Trémori Coordonnées UTM :  
Participants : 25 Départ :  
Longueur : 12 km Pique Nique :  
Dénivelée : 450 m Autres :  
Carte IGN TOP 25 n° :

3239 OT

Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 40 km E

 

Commentaires techniques :

 

Compte-rendu :

"-Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?"

"- Je vois une grosse poussière qui vient de ce côté-ci… " 

Ce ne sont ni un troupeau de moutons ni les frères de la belle épouse de Barbe-Bleue qui s’approchent de la Tour du Riable. Cette troupe nombreuse, a l’air plutôt pacifique. Les gens sont toutefois armés de curieux bâtons sur lesquels ils s’appuient, tels les pèlerins sur les chemins de  Compostelle !

C’est le groupe de 25 Randouvéziens auxquels Louis a donné rendez-vous aujourd’hui à Lachau (710 mètres), village où il commit les méfaits habituels de l’enfance, pour effectuer une expédition ayant pour objectif cette tour haut perchée. Nous y attendent quelques passionnés de la sauvegarde du patrimoine de nos régions…

Mais reprenons au départ ! Le rendez-vous a eu lieu, ce-matin, devant une magnifique demeure seigneuriale, flanquée de quatre tours d’angle rondes, là où se dressait autrefois le château féodal. Quel plus beau cadre, malgré un temps un peu gris,  pour débuter cette randonnée en terre d’histoire ?

Toujours bavards de si bon matin, le groupe traverse le village encore endormi (les 206 chaupatiers seraient-ils encore au lit ?) et prend la direction de la Montagne du Riable, longeant un canal d’irrigation chantant de ses eaux abondantes, dont la fonte des neiges récente a gonflé le débit. Lachau a pris ses couleurs de printemps et le jaune des buissons de forsythia  tranche avec le vert profond de la prairie. Il ne faut pas attendre longtemps pour un premier arrêt à l’Eglise Notre-Dame de Calma, à quelques centaines de mètres du bourg. Ce monument historique, l’un des rares édifices romans des Baronnies, datant des XII-XIIIe siècles, sévère mais aux belles proportions, est le seul vestige, avec le cimetière qui le jouxte, d’un ancien prieuré bénédictin.

La visite rapide que nous en faisons confirme l’harmonie de cette belle construction à nef unique. Chacun en fait le tour à son rythme et repère les maints détails qui en font la beauté. Louis nous fait remarquer le corbillard entreposé dans l’une des chapelles latérales : il eut souvent l’occasion de le suivre en tant qu’enfant de chœur. Devant l’église, la prairie déroule son tapis vert, rappelant l’activité pastorale traditionnelle dans la riche plaine alluviale où coulent la Méouge et la Lauzance.

La procession (ou plutôt le groupe !) reprend le chemin qui commence à prendre un peu d’altitude, mais n’allons pas trop vite car aujourd’hui nous avons du temps devant nous. Admirons le paysage et sa palette de verts tendres. Devant nous, à quelques dizaines de mètres, un chevreuil s’enfuit en nous montrant son « cul blanc ». Le caractère bucolique de la journée ne se dément pas ! Les arrêts habituels de petite restauration et déshabillage sont l’occasion de découvrir un environnement qui n’est déjà plus celui des Baronnies que nous explorons autour du Buis.

Nous longerons ainsi un ravin profond jusqu’au lieu-dit Le Plan (1073 mètres) que nous atteindrons au sommet d’une montée bien pentue. De là, en levant les yeux vers la gauche, notre objectif déjà se profile. Il reste encore 700 mètres d’escalade sur un sentier étroit et sinueux pour y parvenir. En cours de progression, deux silhouettes apparaissent au sommet du rocher : nos hôtes semblent nous attendre. Un dernier effort en cette fin de matinée nous permettra d’accéder à la Tour du Riable (1197 mètres) où nous parviendrons sensiblement avant midi.

L’accueil est cordial au sommet et très vite sont dressés table et bancs improvisés avec le matériel destiné à la restauration (conservation) du donjon de l’ancien château-fort : mais oui, nous sommes bien sur un chantier de sauvegarde, aussi nous ne parlerons de restauration (pour les estomacs) qu’un peu plus tard ! L’aventure des promoteurs du chantier mérite un temps d’attention et l’historien de l’Association Le Luminaire, maître d’œuvre du projet, qui est présent aujourd’hui  va nous en faire l’historique sur le terrain (voir sites latourduriable.blog.fr et sederonenbaronnies.fr).

La tour, en effet, était le donjon d’un château-fort (castrum), érigé en ce lieu, vraisemblablement aux XI-XIIe siècles, pour servir de défense avancée au fort de Mévouillon. L’histoire en est retracée dans une note synthétique que nous récupérons volontiers car il serait trop long d’en faire la relation ici. Aussi allons-nous, sous la conduite de notre guide, faire le tour complet du site pour en comprendre l’organisation et le fonctionnement, en relation avec les autres châteaux à peine visibles au loin, pour défendre le territoire des seigneurs de la famille Mévouillon-Lachau. La visite sur cette plate-forme de rochers est impressionnante avec ses vues à 360° vers la Montagne du Pied du Mulet toute proche mais aussi vers Chamouse, le Col Saint-Jean  et plus loin encore le Dévoluy et la Montagne de Lure si caractéristique… entre autres.

Nous pourrons observer, sous tous les angles, la tour qui était à l’origine de 1,5 à 2 fois plus élevée. La promenade nous révèle des détails invisibles à nos yeux montrant que des habitations entouraient le château et comment se faisait l’accès à cette citadelle. En même temps, nous profitons des connaissances en botanique d’Huguette pour inventorier la flore des lieux. Les senteurs des plantes aromatiques caressent nos narines. Au pied d’un buisson quelques tulipes sauvages d’une espèce rare, la fritillaire du Dauphiné (Fritillaria tubiformis) feront le bonheur de nos photographes, avant de  nous installer sur nos bancs improvisés et de profiter de l’apéritif offert par l’équipe de bénévoles.

La (s)cène est originale en un lieu comme celui-ci pour les marcheurs Randouvéziens habitués à moins de confort pour leurs agapes. Louis a prévu ce qu’il faut pour étancher notre soif ! Si nous avions eu un rayon de soleil… Quel souvenir allons nous garder de notre étape en ce haut lieu !

La descente va s’amorcer, face au cirque formé par les éboulis anciens de la montagne que nous avons pu découvrir du sommet, dans toute sa splendeur. Parvenus au Plan, où nous avons fait une halte ce matin avant l’ultime ascension, nous nous dirigeons vers le quartier de l’Adret par où nous allons rejoindre Lachau. La piste nous conduit à une ferme où pouvons échanger avec le couple d’agriculteurs avant de reprendre la petite route. Le printemps a parsemé les talus de violettes et de primevères qui égaient la nature. Nous longerons le torrent jusqu’au village au milieu de ce paysage où alternent des parois rocheuses témoignant de la géologie des lieux et espaces naturels herbeux.

Il nous reste pourtant une étape au programme : Louis a promis d’effectuer une halte chez « Tatie Danielle », productrice de délicieux fromages de chèvres. Le hasard fait parfois bien les choses car nous apercevons une cycliste qui, au moment de nous croiser, met pied à terre, impressionnée probablement par cette joyeuse troupe : c’est la fermière qui nous mène directement chez elle. Nous y ferons la connaissance de son bouc, qui prend la pose et ne refuse pas les caresses des dames mais semble réticent à ce que l’on s’intéresse de trop près à ses compagnes ! Et bien sûr, nous faisons notre provision de fromages de « La Tomière ».

La boucle se termine et nous avons bientôt en vue nos véhicules, au cœur du village. Nous aurons à nos compteurs un kilométrage relativement modeste, environ 12 km pour un dénivelé de 450 mètres, mais le plaisir ne se mesure pas qu’à l’effort consenti, c’est aussi au plaisir des yeux, des sens et de l’esprit. Que Louis en soit remercié et, finalement, il me semble que la randonnée prévue en Mars, au moment où la neige était encore abondante, avait toute sa place en période printanière.

G. Langlois.

Photos : J. Gourault.

 

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