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Compte-rendu : Rendez-vous est pris ce matin à Pierrelongue, où Viviane nous attend, par un temps revenu au beau après quelques jours de pluies abondantes. Nous sommes aux portes du pays buxois : le ralliement de nos amis mollanais au pays Voconce (sur injonction préfectorale… vauclusienne !) a, de fait, repoussé la « frontière » entre les deux territoires aux limites de ce charmant village surmonté de sa chapelle haut-perchée. Mariage contesté, mais « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point », disait Pascal (pas Olivier, le sympathique garagiste de Mollans mais Blaise, le philosophe). Nonobstant ces considérations géo-économico-politiques, Drômois et Vauclusiens fidèles à Randouvèze sont prêts à affronter le parcours que Viviane a préparé pour explorer son domaine. Nous sommes 23 Randouvéziens, présents… non, nos deux amis Beauvoisinais arrivent in extremis, nous serons 25. La première pente de la journée, qui n’en manquera pas, s’offre à nous : cette randonnée sera en forme de montagnes russes, montées et descentes alterneront tout au long de la journée. Le printemps est bien là, la végétation a été « boostée » par les pluies répétées et fournies. C’est une explosion de verdure et de fleurs, la nature en effervescence ! Dès les premières foulées en sortie du village, nos yeux sont charmés de ces couleurs vives que nous offrent forsythias, arbres de Judée, cognassiers du Japon, pour ce qui est des arbres « civilisés » qui garnissent les haies des jardins. De nombreux iris, aux bleus profonds, bordent la piste. Le charme des randonnées du printemps, c’est que nos sens sont sollicités par les couleurs, les parfums parfois, les sons aussi que la nature prolifique porte jusqu’à nous, au détriment peut-être de l’environnement minéral dans lequel nous évoluons. Les montagnes s’estompent avec modestie pour ne constituer que le théâtre majestueux de nos balades, en laissant le premier rôle à la riche flore des Baronnies, mais quelle symphonie ! Vivaldi en décors naturels ! Nous allons donc parcourir les chemins de Pierrelongue, Propiac, Beauvoisin, La Penne sur Ouvèze en jouissant de ce cadre. Nous cheminerons ainsi par un itinéraire sinueux dont Viviane seule connait les détails. La piste du début, longeant le Ravin de Saint Brice, en direction de Roche Colombe, a été creusée par les pluies. Le petit torrent que nous longeons au départ est tout joyeux et le fait savoir en enchantant nos oreilles. Cette mise en jambes nous conduit au sommet de la pente où nous faisons une halte en bordure d’un champ d’abricotiers dont le feuillage naissant d’un vert tendre a remplacé les fleurs abondantes. Nous tentons d’y apercevoir les premiers fruits minuscules, promesses d’une riche récolte. Henri, le botaniste du groupe, observe les coquelicots nains (oui, cela existe) qui poussent au pied des arbres. La descente vers Propiac se fera tranquillement au milieu des champs d’arbres fruitiers et d’oliviers alternant avec les pins et autres espèces méditerranéennes : l’esprit de Cézanne est dans l’air. Faisant une tache à la couleur éclatante, un bosquet d’arbres de Judée paraît presque incongru sur la palette de verts en dégradé, de l’olivier argenté au pin sombre en passant par le vert amande de l’alisier et le vert tendre des abricotiers… à quelques mètre, d’une carcasse de Simca Aronde (cherchez l’erreur !). De la piste, une ouverture vers le col de Propiac mérite un arrêt. Le soleil se joue des brumes matinales qui s’estompent peu à peu. Au bas de la piste, une belle et haute ruine dans un écrin de vert tendre forme un tableau harmonieux dans la lumière matinale… et commencent alors les choses sérieuses car nous nous trouvons face à un premier gué à passer : les rivières chantent mais le revers de la médaille, c’est qu’il nous faut les franchir !!! Un tronc instable sert d’appui à certains, les pierres sont glissantes… Ouf !... Tout le monde est passé, chacun a sa méthode mais il n’y aura pas de chutes ou simplement de chaussettes mouillées. Le chemin bien pentu qui nous attend alors nous mène à la belle clairière où se déroula notre partie grillades de Décembre 2011. Ce belvédère nous offre à nouveau des vues vers les hauts de Propiac, l’ancien hôtel thermal maintenant désaffecté et le château du Vieux Mérindol restauré par un passionné. Puis nous traverserons le territoire de Beauvoisin dont Edouard nous fait partager sa connaissance experte. Bientôt se profilent le Col de Milmandre et la Montagne de la Baume Noire. Le vaste espace qui s’ouvre au pied de la montagne est un véritable verger où alternent arbres fruitiers et oliviers, en parcelles bien ordonnées. Des marnes dont le gris anthracite rompt avec le reste du paysage constituent un intermède plus austère et néanmoins harmonieux, tout en courbes dessinées par l’érosion, ponctuées de quelques arbres à l’équilibre précaire. Le village est tout proche, la chapelle dont nous apercevons le clocher est à quelques centaines de mètres, mais nous n’irons pas jusque là car l’heure du déjeuner approche et Viviane nous a trouvé un lieu confortable pour poser les sacs. Pour y parvenir, nous devrons encore franchir deux gués où l’astuce des uns et des autres rivalise pour trouver le meilleur passage. Des éclats de rire et des éclaboussures fusent alors. Une dernière pente et nous y sommes. Les biasses sortent des besaces et les bouchons sautent allègrement : blanc, rosé pour commencer. Le cake aux olives d’Alice est un régal pour l’apéritif. Jean joue à la pétanque avec sa pomme. Quant aux desserts : un festival de pâtisseries. Nous allons devoir compter les calories ce soir à la table du dîner. Mais nous sommes sérieux à Randouvèze et la pause sera d’une durée très raisonnable, d’autant que la météo a annoncé une après-midi incertaine : en route ! Le chemin à parcourir encore reste long, mais les difficultés sont bien réparties sur cette boucle où une descente, un replat permettent la récupération et nous ne souffrirons pas des affres de la digestion sur des pentes trop agressives. La lumière du matin a désormais disparu, les craintes d’une ondée malicieuse obligent à maintenir une allure régulière, sans pour autant négliger le paysage qui reste attrayant. Les conversations sur ce large chemin vont bon train. Insensiblement, le spectacle va changer. Après avoir contourné la montagne de Roche Colombe et gravi encore quelques pentes, de nouveau l’horizon s’ouvre sur la vallée en direction de Pierrelongue dont la chapelle sera bientôt visible, à un détour du chemin. La descente par cette piste puis par une petite route va nous mener au village de La Penne sur Ouvèze. Nous sommes dans une vallée verdoyante dont les talus à l’herbe drue sont parsemés d’innombrables fleurs des champs : laiteron (jaune et bleu), boutons d’or, pissenlits, coquelicots et d’autres moins banales telle la laurige (laitue sauvage ou lactuca perennis) d’un joli mauve. Au cœur de ce vallon verdoyant, un petit arrêt pour permettre à Jean de faire les portraits de quelques jeunes randouvéziens absents du trombinoscope de Michel, notre respecté métronome. Le vieux village de La Penne est désert. Les maisons zébrées de larges fissures sont néanmoins ornées de lourdes glycines en cascades qui donnent un peu de couleur. Pas un rayon de soleil pour égayer le hameau où quelques carcasses de voitures n’en finissent pas de vieillir. Nous nous dirigeons vers l’église Notre Dame des Aspirants (XIIe). Une dernière halte devant l’édifice bien restauré dont la porte latérale est ornée de la coquille des pèlerins de Compostelle, après avoir fait le tour du petit cimetière où une stèle marquée d’un marteau et d’une faucille rappelle les convictions, jusqu’au terme de sa vie, de celui qui reposa là. Le terme de notre périple approche et nous nous laissons doucement glisser vers Pierrelongue parmi les champs d’oliviers, en appréciant au passage les nombreuses orchidées sauvages qui égaient le talus, comme une dernière note colorée pour signer la belle randonnée (16,5 km, dénivelé 830 mètres) que nous a offerte Viviane. Vite rentrons car la pluie se met à tomber, nous l’avons échappé belle ! Gérard Langlois. Photos : Ch. Formet, J. Gourault.
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