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Commentaires techniques Départ: sur le parking du plan d'eau de Monieux (31T 0688596 4880874) Devant la complexité du parcours : pas d'explication rationnelle, si vous téléchargez la trace sur votre GPS, suivre scrupuleusement les indications de l'appareil !
Compte-rendu : Qu’est ce qui peut bien faire se lever si tôt 55 Randouvéziens, par un matin plutôt maussade ? Les bonnes résolutions de début de saison ? Des fourmillements dans les jambes impatientes de retrouver la forme et la souplesse ? Une sortie culturelle sur un site original ? Les confitures à la groseille de Reine ?... A chacun sa réponse, en tout cas nous sommes bien près de battre le record de participation aux randonnées du Jeudi, établi par Georges à 56 pour les coteaux de Visan en Octobre 2012 (il est vrai que Georges avait utilisé des arguments contre lesquels il est difficile de lutter, même avec de succulentes confitures à la groseille). Notre groupe d’habitués (pré) historiques est renforcé aujourd’hui encore de nouveaux adhérents mais aussi de 4 amis marcheurs allemands de Gomadingen, cité du Bade-Wurtemberg jumelée avec Buis les Baronnies, que nous sommes heureux d’accueillir dans cette joyeuse troupe. Le départ est donné au plan d’eau du Bourguet (pour les Savoyards ne pas confondre avec le Lac du Bourget !) à Monieux avec pour objectif le Mur de la Peste. Reine, assistée de Maurice, nous a imaginé aujourd’hui un bel itinéraire à la rencontre du patrimoine du Pays de Sault où les hommes ont dû composer avec une nature difficile à apprivoiser. Nos premières enjambées seront saluées par quelques grenouilles coassantes, sur les rives de la Nesque, presqu’aussi bruyantes que la longue file de marcheurs. Ces gentils batraciens ne doivent pas voir tous les jours autant de monde en cette saison où les touristes sont bien loin. C’est Maurice qui ouvre le chemin, à l’ombre humide d’une végétation dense, et nous emmène vers les hauteurs surplombant le cours d’eau, encore modeste malgré les pluies récentes. Bientôt la lumière se fera à nouveau quand nous dépasserons le poteau de la Font de Jean (690 mètres) puis celui de La Peisse (725 mètres). Et déjà nous découvrons sur l’autre rive de la Nesque le sommet de ces belles parois (ou falaises ?) de calcaire gris et ocre, majestueuses, usées par le temps. Clément nous indique l’endroit où se situe la Chapelle Saint-Michel et quelques sentiers et grottes pittoresques où il eut l’occasion d’emmener d’autres groupes : un vrai topoguide ! Maurice lui donne une répartie tout aussi experte. Plus loin, c’est le Rocher du Cire qui apparaît au détour du chemin : « Cette Nesque s’engouffre dans une gorge anfractueuse et sombre ; et vient ensuite un point où le roc brusquement et incroyablement se cabre… C’est du Rocher du Cire qu’il s’agit : ni chat, ni chèvre, ni satyre, je vous en réponds bien, jamais n’y grimperont ! » (Frédéric Mistral). Même sans le rayon de soleil qui, pour les photographes, donnerait une autre lumière au paysage, les vues sont très belles et impressionnantes. Le sentier serpente désormais parmi la végétation faite de chênes et arbustes méditerranéens, jusqu’à nous conduire au Champ de Sicaude (741 mètres) où les vestiges d’une bâtisse datée de 1713 subsistent encore : il s’agit des restes d’une chapelle plus tard transformée en école au temps où ce hameau, composé de plusieurs fermes, était habité. Il ne faudra pas attendre très longtemps pour un nouvel arrêt : à l’entrée du domaine privé de Poulissen, notre guide nous fait découvrir un aiguier dont nous pouvons détailler le mécanisme ingénieux en ce lieu où l’eau est une richesse. Les eaux de pluie, captées par un réseau de caniveaux taillés dans la roche alimentent des cuvettes et des citernes profondes, protégées par des voutes en pierre sèche. Ce témoignage des conditions de vie du monde rural a quelque chose d’émouvant. D’autres aiguiers, encore nombreux, sont visibles sur ce plateau et nous en verrons un autre plus loin. Le Mur de la Peste dans tout cela ? Nous nous en approchons en suivant la piste (Chemin de Berbery, 800 mètres) menant à Saint-Hubert, empruntant le GR 9. Le rutilant 4x4 du facteur nous double, progrès oblige ! Parvenus à proximité de la Ferme Saint-Hubert, ancien pavillon de chasse du XVIIIème siècle, désormais gîte d’étape, un panneau explicatif nous oriente vers notre objectif où nous pourrons obtenir toutes les informations nécessaires. Quelques centaines de mètres encore pour atteindre le Pas du Viguier (863 mètres) et nous touchons au but et… Patience ! Il faut bien sacrifier aux nourritures terrestres et Reine nous invite à prendre place en ce lieu venté et à déballer nos provisions. Les uns assis au pied du mur tant convoité, les autres protégés par les buissons ou calfeutrés à l’intérieur d’un enclos de pierre sèche, nous entamons notre pique-nique pantagruélique (Mauvaise plaisanterie que risquent de croire les détracteurs de Randouvèze !... Quoique !) En tout cas, Reine et Jacquotte n’ont pas oublié d’apporter confiture de groseille (vous étiez prévenus) et croquants (c’était attendu). Le territoire des dames de Ferrassières est bien accueillant. Quant à nos amis d’Outre-Rhin, comme l’on dit dans les bons ouvrages, ils n’ont pas manqué de nous offrir un schnaps à la poire qui a réveillé nos tendres papilles. Pas de sieste aujourd’hui, la fraîcheur du blizzard (j’exagère un peu) nous pousse à nous relever bientôt pour découvrir enfin ce mur historique en détail. C’est en file indienne que le groupe se met en marche pour remonter la longue ligne grise vestige d’un épisode dramatique de l’histoire de la Provence, du Comtat et du Dauphiné : la peste de 1720-1722 qui, venue d’Orient avec le navire marchand « Grand Saint-Antoine », débarquant à Marseille, se propagea dans toute la région, malgré les moyens mis en œuvre pour l’arrêter. Elle fit 126000 morts dont plus de 8000 pour le seul Comtat. Ce rempart long de 27 kilomètres fut conçu par un architecte carpentrassien, Antoine d’Allemand : « En 1720 je traçois depuis Saint-Hubert jusques à Saint-Ferréol les limites entre le Comtat Venaissin et la Provence, une ligne de 18000 toises dont 6000 toises faites avec un parapet de terre et un fossé au devant, et 2000 toises avec des murs faits en pierre sèche… » Reine, en guide attentive, nous apporte les explications attendues sur ce sinistre vestige, restauré sur la partie que nous longeons par une équipe de Canadiens. Les ruines où certains ont pu déjeuner, abrités du vent, étaient un enclos pour le fourrage et les chevaux. Des guérites en pierre sèche elles aussi jalonnent le mur, haut de 6 pieds (environ 2 mètres) à l‘origine : succédant aux Comtadins, un millier de gardes pontificaux puis de militaires français furent chargés d’en assurer la surveillance. Nous remonterons ainsi quelques centaines de mètres, jusqu’aux ruines d’un bâtiment ayant dû servir de casemate pour les hommes, le matériel et les provisions. Retour sur nos pas, jusqu’à rejoindre la Ferme Saint-Hubert, cette haute bâtisse où nous allons prendre un sentier (le mot est un peu optimiste !) sur lequel notre guide nous emmène, à moitié courbés en deux, serpentant parmi les branches basses et les broussailles : seule Reine doit savoir où il faut passer dans un tel sous-bois sans aucun repère ! Clément est bien près de verser une larme car il est chargé du compte-rendu technique et de la trace GPS : « si j’aurais su, j’aurais pas venu », doit-il penser comme le P’tit Gibus. Mais, bien évidemment, cette randonnée fut bien préparée et, après quelques instants de repos près de nouvelles ruines où chacun compte ses égratignures, notre progression nous mène en un lieu qu’il ne fallait rater à aucun prix, la Ferme de Lausemollan. En effet, il aurait été bien dommage de passer à côté d’un témoignage aussi poignant de la vie dans le monde rural des siècles passés. Cet ensemble architectural du XVIème siècle, à 900 mètres d’altitude, fut habité jusqu’à la Première Guerre Mondiale, nous précise Reine qui, en nous faisant découvrir maints détails, nous permet d’imaginer la vie quotidienne de ses habitants : dépendances, four à pain, cuve à vin enterrée, puits, aiguier, enclos pour les chèvres… Un beau reportage en perspective pour les archives de Randouvèze. Ayant repris notre chemin, riches de cette belle visite, nous rejoindrons bientôt une piste plus praticable, encore caillouteuse, faite de cette terre rouge typique du territoire traversé. Un bel arbre mort, de ses bras décharnés, tente bien de nous effrayer, c’est peine perdue. La végétation est majoritairement faite d’essences de chênes et d’arbustes épineux. A nouveau, nous pourrons reprendre nos conversations en rangs par 2 ou 3, sans craindre la gifle sèche d’une branche mal intentionnée. Dans un hameau vide de ses habitants, un mur de cactées offre ses figues de Barbarie à qui voudrait les croquer. Le chemin est encore long vers Monieux mais agréable… Nous passons les poteaux des Cavalets (812 mètres) et de la Devendoure (803 mètres), traversons de petites routes dont nous ignorons la destination car nous avons perdu nos repères… ainsi que Reine et Gérard, serre-file et compteur du jour (et quelques autres). Ces derniers auraient fait un petit détour pour visiter la ferme où est née notre guide. Nous les retrouverons au plan d’eau en groupetto attardé, quelques minutes après le gros du peloton. Monieux se profile maintenant sur le flanc de la montagne. Notre périple se terminera bientôt, après avoir emprunté un bout de route dont nous coupons les lacets, dans un certain désordre; nous coupons à travers une prairie à l’herbe molle : on sent la fin de la journée. Et le plan d’eau du départ est là, avec ses hautes herbes et les saules pleurant à la vue de cette troupe fatiguée. Les canards se dandinent sur l’herbe humide… mais, à propos de volatiles, quelqu’un aurait-il aperçu le tétras lyre ? Merci à Reine et à Maurice pour cette très belle balade qui se terminera par une distribution de bonnes prunes (pas des claques car le groupe fut très sage !) sucrées et juteuses suivie d’un arrêt à Sault pour se désaltérer un peu, selon l’usage. G. Langlois Photos : J. Gourault, Ph. Jouffroy, G. Soubrier.
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