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Commentaires techniques :
Compte-rendu : «Une seule chose compte, une seule chose est belle : l’effort », écrivait René Barjavel dans son roman Ravage. Sans trop d’exagération, cette petite phrase pourrait s’appliquer à la randonnée d’aujourd’hui, proposée par Francis, notre fidèle serre-file, à partir de Tarendol, le village où repose précisément le nyonsais, auteur de romans de science fiction prémonitoires et philosophe à ses heures. Le programme annonçait 17 km, pour un dénivelé de 700 mètres, et 21 Randouvéziens avaient répondu à l’invite pour cette belle sortie de difficulté réelle… voyons la suite ! C’est donc avec détermination que le groupe s’engage sur la petite route bordée d’iris aux bleus profonds, non sans un arrêt en forme d’hommage à l’écrivain dans le petit cimetière qui constitue une halte incontournable pour de nombreux randonneurs. Claude, l’enfant du pays, nous désigne en passant l’endroit où se situait la maison des parents de Barjavel, tout près du cimetière. Et nous prenons la piste, après un échange de politesses avec un groupe de randonneurs lyonnais. C’est un monde original qui s’offre à nos regards dès les premières enjambées, des marnes dont les vagues bleu ardoise ont été décrites par notre écrivain local dans ses ouvrages, notamment La charrette bleue. La piste en surplomb est encadrée de chaque côté par un ravin et ces marnes dont la végétation clairsemée montre ses racines dénudées par le ruissellement des eaux (« le chemin qui y conduit suit le sommet en lame de couteau d’une vague de marne bleue »). La vue est remarquable de cet observatoire vers le village de Bellecombe dont l’église surprend par sa silhouette anachronique, inattendue en ce lieu, mais aussi vers le Ventoux qui se présente dans sa majesté habituelle : « Au centre pointe le Ventoux que mon grand-père Paget regardait tous les soirs pour savoir quel temps il ferait demain… ». Le chemin contourne un ancien oppidum, passe devant les ruines de la Chapelle Saint-Etienne, avant de descendre parmi les abricotiers, les oliviers et les cognassiers aux larges fleurs vers la petite route qui franchit le Rieu Frais. Claude, pour nous éviter un détour, nous entraîne sur un chemin raviné connu vraisemblablement de lui seul, qui dévale entre les marnes jusqu’au pont qui enjambe le torrent. A partir de ce moment, débute l’ascension qui nous mènera vers la Montagne de Grèle, objectif de la matinée. La progression se fera donc sur une petite route d’abord, puis sur une piste qui va monter progressivement, sans à-coups. Le train sera (trop ?) soutenu. Nous avons, en effet, en point de mire la crête que nous devons atteindre pour midi. Néanmoins, prenons le temps de regarder le paysage : c’est toute la vallée de l’Ennuyé que nous avons en contrebas, les villages de Gouvernet, La Bâtie Verdun, avec au loin le Col de Peyruergue et la route de Saint-Auban. C’est un océan de verdure printanière que le soleil éclaire ce matin. La Fontaine du Loup permet à certains de s’alimenter en eau. La flore habituelle des Baronnies égaie cette piste un peu austère, notamment les petites fleurs mauves d’Aphyllanthe de Montpellier au bout de leur tige filiforme et quelques orchidées. L’alisier et l’amélanchier sont les arbustes les plus communs sur ce versant avec les épineux et les buis. Francis nous indique un ancien four à chaux au niveau des Taillades. Un peu plus haut, c’est une carrière de graviers dont les reliefs à flanc de montagne sont un spectacle d’une étonnante beauté dans la lumière rasante du matin. Plus loin, la piste est creusée d’énormes trous faits par les sangliers. De chaque côté, le terrain a été labouré, bouleversé par ces animaux à la recherche de leur pitance. Il se pourrait que ce soit pour déterrer des truffes, selon Claude qui a remarqué la mouche caractéristique qui permet de les repérer : quel gâchis ! Le chemin rejoint bientôt la piste que nous avons déjà empruntée cet hiver lors de la randonnée à La Vanige, où la neige nous avait obligés à trouver un itinéraire-bis. Nous nous dirigerons un peu plus haut, par le même sentier pentu, vers le sommet de la Montagne de Grèle d’où le spectacle en cinémascope est impressionnant, découvrant à 360° les deux vallées de l’Ennuyé et de l’Eygues et leurs villages, le Col de Soubeyrand, le Risou,… Le regroupement s’effectue alors, sur cette crête ventée, avant de repartir sur le sentier étroit vers un lieu abrité pour notre pause-déjeuner. Une petite clairière herbeuse, où fleurissent abondamment les coucous, nous offre son confort avec, de surcroît, un beau panorama vers le Ventoux. Le repos est le bienvenu pour tous car l’allure fut un peu rapide à la montée et le réconfort habituel est apprécié. Pendant cette pause, quatre rapaces (vautours vraisemblablement) agrémenteront nos yeux et nos conversations en survolant la montagne au-dessus de nos têtes. Mais il nous reste encore un certain nombre de kilomètres à effectuer : debout Randouvéziens ! Le parcours serpente au sommet de la montagne, au milieu des buis et des pins, avec encore quelques montées, vers la Montagne de Grimagne. Puis la descente va bientôt s’amorcer en sous-bois. Le sentier est encombré de branchages qui ne facilitent pas la marche pour nos pieds déjà bien sollicités. Un coussin de feuilles mortes, par endroits, cache les pierres traitresses sur lesquelles nous trébuchons. Une halte pour profiter un instant d’une orchidée sauvage relativement rare, un Orchis pallens semble-t-il, dont aucun photographe, malheureusement, ne pourra rapporter l’image. Pour permettre à certains d’entre nous de poursuivre avec un peu plus de confort, Claude emmène quelques marcheurs par un itinéraire plus pratique : nous nous rejoindrons plus bas à la lisière d’un champ de lavandes en friches. Les autres poursuivent la descente par un chemin en sous-bois ombragé. Nous effectuerons la dernière partie de la randonnée par des sentiers caillouteux et instables, encombrés de bois secs, après avoir une fois encore constitué deux groupes pour que chacun puisse terminer dans les meilleures conditions possibles. En « version longue », l’itinéraire suivra la piste vers Tarendol par les ruines de La Chevalière qui nous ramènera au point de départ : une dernière ascension d’un bon pas fera appel à nos dernières ressources. Le torrent de Charan qui dévale en chantant la pente et croise la piste à plusieurs reprises semble nous narguer : je rêve d’y tremper un orteil un court instant. Une descente d’enfer, dans les cailloux et la terre glissante, va nous achever. Courage la fin s’annonce ! Après avoir longé une réserve d’eau où nous retrouvons la piste puis le bitume, nous apercevons nos voitures… Ouf ! Cette randonnée difficile aura tenu ses promesses et nous pourrons peut-être dire avec un brin d’amusement « j’y étais ! » quand nous l’évoquerons dans nos souvenirs de randouvéziens. Merci, en tout cas, à notre guide Francis et à l’aide efficace de Claude qui nous a sortis de quelques mauvais passages… Merci également à René Barjavel pour ses belles pages sur ces Baronnies encore préservées que nous aimons parcourir car « la beauté (y) est partout » (Les fleurs, l’amour, la vie…). Gérard Langlois. Photos : D. Cabat.
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