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Commentaires techniques : Départ du parking de la Chapelle ND de Consolation en bordure de la D1, au niveau du hameau « Les Abeilles – commune de Monieux » ; suivre le bord de la D1 direction E pendant 430 m, jusqu’au panneau routier « Col ND des Abeilles ». Prendre la piste à gauche direction NE, puis ESE sur 1,7 km pour atteindre « Les Bataliers ». Continuer direction N, passer « Le Frelon », poursuivre jusqu’à l’intersection avec les GR4 & GR9 près du Jas Forest. Au point 31T 687774 4889515, altitude 1266 m, quitter les GR4 & GR9 pour le GR91B qui suit les courbes de niveaux direction W ; passer « Le Rat » altitude 1245 m et continuer sur 2,3 km jusqu’à la Font d’Angiou. La descente emprunte la Combe de la Font d’Angiou, jusqu’à « la Fontaine de Canaud » au point 31T 683833 4887371, où l’on prend à gauche un sentier d’abord raide pour atteindre la « Chapelle Saint-Jean ». Nous suivons le PR sur 300 m SSE, puis NE jusqu’au point « Les Granges Rouges » altitude 1024 m. Le poteau indique la direction de « l’Ortie » à 600 m, et « Les Abeilles » à 2,9 km. A ce point (31T 685785 4886869), prendre à droite direction S jusqu’à la D1. Georges Thouard
Compte-rendu : Affluence inhabituelle en ce doux matin d’automne au Hameau des Abeilles, où avait lieu jadis un rassemblement pour la bénédiction des troupeaux avant la transhumance, sous la protection de Notre-Dame de la Consolation… Renseignement pris, le bruyant troupeau d’aujourd’hui est constitué de 36 marcheurs de Randouvèze venus pour effectuer un périple sur ce territoire aux confins du Mont Ventoux, là où s’arrêtent les pentes méridionales du Géant de Provence en limite du Bassin de Monieux/Sault. Le courageux berger qui doit mener ces turbulentes brebis n’est autre que Gérard, qui a eu la prudence de se mettre sous l’autorité de l’Abbé Thouard (mais non, pas Georges !). Ce curé des Abeilles, Joseph Thouard, « médecin des âmes et des corps », repose dans le petit cimetière attenant à la chapelle. Curé de la paroisse de 1859 à 1888, il était aussi un guérisseur réputé à son époque. Il soigna gratuitement ses paroissiens et bien d’autres tant ses mérites étaient reconnus… Même Napoléon III, dit-on, serait venu le consulter ! Quant à son élixir, microbicide et régénérateur du sang, à base de plantes, il connut un succès commercial étonnant… Mieux que la Jouvence de l’Abbé Soury ! Malheureusement, la recette en aurait été perdue. Gérard en tête et Claude dans le rôle du patou, la horde se met en route et le dévoué Alain tente de lui faire traverser en bon ordre la route départementale. Direction le Col des Abeilles (déformation du mot abeié, troupeau transhumant en provençal) d’où nous rejoindrons Les Bataliers par une petite route au milieu des champs de lavande qui, bientôt, devient une piste poussiéreuse. Dès le départ, avec ses murets de pierre, le paysage reflète ce monde minéral si caractéristique du territoire du Sud du Ventoux, dont nous pouvons déjà apercevoir au loin les pentes de calcaire blanches. Le train est soutenu et les premières couches dont nous avons eu la prudence de nous vêtir vont vite tomber, dès la première halte au Hameau des Bataliers (1020 mètres), avant de prendre la direction du Pas de la Frache, droit au Nord. La piste est large et permet d’avancer à deux ou trois randonneurs de front, aussi les bavardages vont bon train. Il est vrai que l’effort à fournir n’est pas trop violent… Et pourtant, sans que nous nous en rendions vraiment compte, le dénivelé atteindra plus de 250 mètres entre le Col des Abeilles (1000 m) et La Grand Côte (1265 m). De poteau en poteau, Le Frelon, Les Laouses (li lauso, les pierres plates), c’est la forêt domaniale du Ventouret, que nous allons ainsi traverser en suivant cette percée d’où l’on peut apercevoir les pentes du Ventoux en maints endroits. De ce massif forestier de restauration des terrains du Mont Ventoux se dégage, paradoxalement, une fausse impression de monotonie car on peut y côtoyer les différentes essences utilisées pour les plantations : résineux, chênes pubescents, quelques hêtres aussi,… La piste est le plus souvent bordée de larges espaces herbeux et des prairies s’intercalent comme pour donner une respiration à l’ensemble. En tout cas, nous ne sommes pas seuls car nous croisons les véhicules des chasseurs et cueilleurs de champignons très présents aujourd’hui. Nous sommes loin de l’intimité des sentiers pentus du versant Nord de notre montagne mythique... Qu’à cela ne tienne, nous sommes là aussi pour la convivialité et nous en profitons bien. Changement de cap à La Grand Côte, où nous redescendons vers le pavillon forestier Le Rat par le GR 91. Après une large clairière, le paysage va changer et nous allons trouver sur cette longue descente un spectacle riche en couleurs, celles de l’automne qui fait flamboyer le feuillage des nombreux hêtres qui constituent l’essence la plus nombreuse dans le profond ravin que nous longeons. Le chemin, quant à lui, est beaucoup moins confortable, ce sont des pierres instables et il faut bien regarder ses chaussures au détriment du paysage. Notre objectif, La Font d’Angieu n’est plus très loin… Nous y sommes ! C’est là que s’organise le pique-nique, en un lieu choisi avec soin par notre pasteur : il y a tout pour notre confort autour de la fontaine fraîche qui chante à nos oreilles et près de laquelle Jean s’installe logiquement (vous aviez bien compris, n’est-ce pas : Jean… de La Fontaine). Le soleil est avec nous pour couronner le tout, un vrai petit bonheur pour le repos du guerrier… non, du randonneur ! Cette séquence romantique mais sage s’achèvera par une levée des corps au ralenti (lumières douces à travers les feuillages, couleurs chaudes d’automne, musique de Michel Legrand) après un bon café préparé par nos spécialistes, au choix, Claudine, Virginie, Claude. Il reste encore du chemin à parcourir. La Combe de la Font d’Angieu, qui était avec la Combe de Canaud l’ancien itinéraire pour rallier Flassan à Savoillans, est une formalité car le lieu est enchanteur avec les rayons du soleil qui jouent à travers les branches. Des buissons de houx aux feuilles luisantes et abondamment garnis de boules rouges nous renvoient déjà aux décors de Noël dont la perspective s’inscrit sur nos calendriers de grands-parents. Ainsi va le sentier jusqu’à la Font de Canaud où la difficulté du jour nous attend : la montée vers la Chapelle Saint-Jean du Désert. La pente rocailleuse est escarpée, mais le spectacle que nous découvrons en l’escaladant justifie largement nos efforts : les belles parois rocheuses qui surplombent la combe et une perspective magnifique sur le sommet du Ventoux et ses pentes blanches. Le regroupement s’effectue à la chapelle, vestige d’un ermitage médiéval, qui fit l’objet d’un don par les Flassanais et fut restaurée en 1939, geste symbolique pour éviter la guerre. Le cadre est propice au repos et nous nous attardons un peu. Quelques sages Randouvéziens semblent même tenir assemblée, appuyés sur l’autel de pierre édifié pour le pèlerinage qui s’y déroule chaque année, le 24 Juin. Y aurait-il un complot dans l’air ? Ou simple attitude de repos ? Reprenons nos bâtons et en route ! Mais après quelques minutes de marche, il semble y avoir un problème de bâtons justement… Jean a perdu l’un des siens ! Il pressent… un complot. Qui est le (la) coupable ? Encore un mystère non élucidé ? Bon D… mais c’est bien sûr !... L’objet du délit a été retrouvé entre les mains d’une certaine H… pourtant réputée pour son sérieux. Poursuivons néanmoins et oublions cette péripétie. Aux Granges Rouges, nous prendrons la direction de L’Ortie, en suivant un itinéraire au milieu des chênes et des pins, alternant avec des prairies, des clairières, des tas de pierres. Le secteur est très compliqué, des allées partent dans tous les sens. Les GPS sont en effervescence. Au poteau L’Ortie, nous retrouvons la direction des Abeilles, encore 3 km de marche en passant par le ravin des Boyers, puis cette longue piste qui nous conduira sur la route départementale tout près du Hameau des Abeilles. N’oublions pas que le Ventoux fut une terre de maquis pendant la seconde guerre mondiale. Près de la chapelle, une stèle a été érigée en mémoire de huit Résistants cavaillonnais torturés puis transportés ici où ils furent fusillés par les nazis, le 5 Juillet 1944. Gérard aura bien rempli sa mission, avec autorité et souplesse. Il nous donne rendez-vous pour une prochaine balade à la découverte des jas du Ventoux Sud, non loin d’ici. Un grand merci à lui… Et allons donc terminer cette belle journée devant une fiole d’élixir reconstituant. Gérard Langlois Photos : J. Gourault
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