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FACE NORD DU VENTOUX

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Date : 19/06/12 Difficulté : Difficile
Accompagnateur : F. Guerbette Coordonnées UTM :  
Participants : 16 Départ : 31 T 685993 4895448
Longueur : 26,6 km Pique Nique : GR4 sous le sommet
Dénivelée : 1844 m Autres :  
Carte IGN TOP 25 n° :

3140 ET

Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 17 km SE

 

Commentaires techniques

Randonnée en boucle depuis le hameau des Bernard, sous Brantes.

Départ de la randonnée à l’entrée du Hameau Les Bernard (31 T 685993 4895448).

Traverser Les Bernard et prendre un chemin herbeux azimut Sud.

Au point 31 T 685842 4895251, continuer le chemin en montant jusqu’à la route forestière (31 T 685949 4894769). La traverser et prendre en face le chemin jusqu’au cairn (31 T 685243 4894052).

Prendre le sentier toujours montant au travers de la forêt jusqu’à rejoinder le GR9 (31 T 684651 4893191). Remonter le GR9 vers l’Ouest, quelques lacets et le quitter pour la direction de la Tête de la Grave.

Déboucher sur l’épaule Est du Ventoux à la Tête de la Grave (1628m - 31 T 685149 4892472). 4h environ depuis le départ.

Remonter toute l’arête Sud Est du Ventoux par le GR4 jusqu’au sommet (Terrasse à 1911m - 31 T 682138 4893722).

Prendre le GR4 après la terrasse point de vue côté nord, le long de la route D974 venant de Malaucène (31 T 682190 4893873), et descendre en lacet par le GR4, puis le GR9, jusqu’à l’abri forestier Le Contrat (1394m - 31 T 682328 4894911).

Suivre le GR9 jusqu’à rejoindre un large chemin (31 T 684539 4895391). Prendre un peu plus loin sur la gauche le chemin que l’on suivra jusqu’à un chemin en fond de vallée (31 T 684465 4896214), tout en croisant plusieurs autres chemins forestiers.

Rejoindre Les Bernard, direction Sud Est, en traversant à gué le torrent de la Combe de la Mure.

Compter une dizaine d’heures pour tout le trajet.

Francis Guerbette

 

Compte-rendu :

Ce mardi matin, journée inhabituelle pour nos sorties randouvéziennes, 16 participants se présentent au départ pour l’ascension de ce sommet mythique, le Mont Ventoux. Nous avons envie de ne faire qu’une (grosse) bouchée du « Géant de Provence ».

Dès 7h 30, nous sommes sous les ordres de Francis qui prend le relais de Bernard pour nous emmener sur ce parcours concocté par celui-ci. Il nous annonce environ 10 heures de marche, pour 25 Km… Beau programme !

Et nous voilà partis vers le Hameau des Bernards (évidemment), tout proche, où nous accueille un roquet, furieux que l’on traverse sa propriété… il aura réussi à réveiller ses maîtres, celui-là, mais pas à nous impressionner. Commence alors une douce ascension sur un chemin encore tout frais de la nuit que nous avons dû écourter. Le temps est gris mais la température propice à l’effort qui nous attend.

Un premier et bref arrêt après cet échauffement permet de regrouper l’aimable troupe puis de repartir sur une large piste au pied d’immenses sapins qui ne nous saluent même pas au passage, du haut de leurs échasses. La piste s’élève progressivement ouvrant déjà quelques vues sur la vallée du Toulourenc et le pittoresque village de Brantes. Cette autoroute devient bientôt sentier, en sous-bois où prospèrent feuillus, conifères et fleurs sauvages. De beaux hêtres aux troncs noueux jalonnent ce chemin. Hugues nous explique que les écuelles naturelles que l’on voit sur certains troncs permettaient aux druides gaulois de récupérer l’eau pure tombée du ciel.

Michel a pris la tête et tel un métronome, sous le contrôle de Francis qui veille au bon état du groupe, nous emmène à un bon rythme sur la pente toujours aussi régulière. Le paysage se transforme, peu à peu. Nous traversons les premiers pierriers. Le sentier monte en larges lacets qui nous font changer d’étage, d’où nous avons des perspectives différentes à chaque fois… Brantes, Plaisians, Montbrun, Le Buis,… il nous manque seulement un peu de soleil et de lumière.

C’est déjà le début de cet univers minéral qu’est le Ventoux, avec ses contreforts et ses combes impressionnants. D’une petite plate-forme au détour d’un virage nous découvrons une magnifique et majestueuse « falaise », qui se présente comme un gigantesque mille-feuille (sans la crème pâtissière). Nous progressons alors sur un sol pierreux, parfois glissant. Les cailloux sont instables et tranchants. Le son clair, métallique et néanmoins musical des pierres, qui dévalent parfois la pente, retentit comme les notes d’un instrument dont la montagne jouerait pour nous enchanter.

La pause s’impose ! Pour reprendre notre souffle et quelques calories (il est interdit de parler de gourmandise), les boîtes circulent de main en main; seules absentes, les pâtes de coing de Gaston.

Et nous reprenons au même rythme. La végétation se fait plus clairsemée, pour devenir vraiment rare en approchant de la crête. Les conifères ont pris toute la place, ils nous montrent le vert tendre de leurs jeunes pousses et leurs pommes de pins naissantes. Les fleurs aussi sont devenues plus petites dans cet environnement plus hostile, mais elles sont bien présentes dans leur grande diversité… pavot du Ventoux, myosotis,… (pour une liste complète, il est recommandé de s’adresser à Henry, promu botaniste-expert). La crête est en vue, encore quelques virages dans la pente caillouteuse, et nous y sommes !... une rafale de vent nous arrive au visage avant même que de pouvoir y poser le pied !... Quel accueil !

Vite nous ressortons laines polaires, anoraks, gants et bonnets (non, je plaisante, pas les gants ni les bonnets). Rapidement nous dégustons les pâtes de coings et de prunes de Claude (je m’en lèche encore les doigts), et c’est reparti pour 3 Km de montée vers l’objectif final maintenant visible, au bout de deux rangées de piquets bleus et rouges qui nous tracent la voie et nous accompagnent comme une haie d’honneur bien méritée, car ce parcours en crête est difficile et fastidieux sur un sol dur, instable sous les pieds. Les conversations se font plus rares, chacun est concentré. L’austérité et l’aridité mais aussi la majesté du lieu impressionnent. De petites taches de couleurs parsèment le trajet, car la flore n’a pas perdu ses droits : de minuscules fleurs réussissent à traverser le tapis de rocaille et forment de modestes et charmants bouquets. Les buissons deviennent des « galettes » d’un vert sombre, aplaties pour mieux résister au souffle du vent.

Le vent continue de nous gifler mais nous avançons, attaquant le sol de nos bâtons rageurs comme des banderilles que nous voudrions planter dans l’échine du monstre indifférent. Un bref arrêt photo pour que Jean immortalise ce moment de peine et de fierté, à quelques encablures, comme disent les marins peu nombreux ici, de notre but… et nous y sommes, réunis en joyeuse bande, un peu estourbis par les rafales et l’altitude. La photo, à nouveau, s’impose, comme un trophée (1912 mètres), que vous pourrez admirer sans doute, chers Randouvéziens, dans le diaporama. Quelques minutes pour contempler le panorama malgré brume et nuages qui persistent…

Re-pause pour le repos des guerriers, quelques dizaines de mètres plus bas à l’abri des rafales (de vent), car il est l’heure de passer aux choses enfin sérieuses. Vous n’allez pas me croire : des sacs sortent, miraculeusement, non seulement de quoi sustenter nos estomacs mais aussi quelques flacons, dont le poids n’a pas découragé les meilleurs d’entre nous. Qu’ils en soient remerciés car la convivialité est dans l’esprit de Randouvèze.

Le top-départ est donné vers 14h pour une longue descente.qui nous emmène vers le balcon du Mont-Serein que nous laisserons à l’écart, en empruntant le GR 4 puis le GR 9. Passée la partie rocailleuse du sommet, nous retrouvons un sentier plus civilisé en partie abrité qui nous évitera d’avoir à supporter trop longtemps les vêtements de pluie, car nous recevons quelques gouttes prévisibles. Un bref arrêt permet à Henry de nous dénicher l’ail à feuilles de narcisse, curiosité botanique locale, dont seuls les initiés connaissent le lieu. L’abri forestier du Contrat (1423 m.) où coule une source qui distille modestement son eau fraîche offre sa clairière où, peut-être, nous précéda Pétrarque, pour une halte bucolique. Le chemin nous fait croiser d’imposants hêtres centenaires, rescapés de la forêt primaire du Ventoux, avant la déforestation des pentes du massif jusqu’au XIXème siècle. Ces arbres miraculés ressemblent à d’énormes poulpes dont les tentacules pacifiques sont là pour seulement nous faire un signe au passage.

Francis, assisté de Claude, dont la connaissance des massifs des Baronnies et du Ventoux est une aide précieuse, fixe le cap à plusieurs reprises. La fin semble proche, et pourtant encore bien loin car les doux sentiers en sous-bois cèdent la place à des pistes moins agréables et praticables : trous, ornières, cailloux, branches, encombrent notre progression dans la descente.

Ouf !!! … nous atteignons les prairies de la Vallée du Toulourenc et dans un dernier effort, sur le sentier qui mène à Brantes, bordé de quelques ruines, ombragé et confortable aux pieds, après avoir traversé le lit asséché d’un torrent, nous arrivons au Hameau des Bernards, au milieu des jardins fertiles. Au bord du sentier, dans l’herbe grasse, de magnifiques orchidées sauvages « anacamptis pyramidalis » (à vérifier par un expert) nous offrent le bouquet final (à ne surtout pas cueillir).

Nous partîmes 16 Randouvéziens frais et dispos et nous revînmes 16 Randouvéziens, pas un de moins… bien fatigués après plus de 26 Km et 10h 30 de marche (pauses incluses). Merci à Francis qui nous a guidés et à tout le groupe pour cette grande journée… et une mention spéciale aux 4 dames qui, à défaut de soleil, ont éclairé notre journée de leur sourire (c’est beau, n’est-ce pas ?)

Gérard Langlois

 

  Photos : Jean Gourault

 

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