Sainte-Jalle Col d'Ambonne

 

 

Date : 28/02/2019  Difficulté : Difficile 
Accompagnateur : C. Ricard  Coordonnées UTM :
Participants : 31  Départ : 31T 682042 4912584 
Longueur : 18,8 km Pique Nique : 31T 685813 4916394 
Dénivelée : 1025 m Difficulté IBP index : 91
Carte IGN TOP 25 n° : 3139 OT 
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 8 km N 

 

Commentaires techniques :

 Parking sous les platanes face à la Mairie du village, au point 31T 682042 4912584 (alt. 402 m). Aujourd’hui, notre itinéraire part vers le nord, en traversant le Vieux Village, suivant le GRP Tour des Baronnies, que nous laissons se diriger vers Arpavon au point 31T 684055 4915612. La piste maintenant orientée Est nous amène au village du Poët-Sigillat, que nous contournons par le nord par la D568, petite route qui franchit le ravin d’Argine. Nous laissons la branche D568A continuer vers le Sud au point 31T 684731 4915345 pour suivre une large piste qui monte généreusement dans une zone boisée, traverse des champs de lavande, pour atteindre le Plan d’Aubre (alt. 1150 m).

Au point 31T 686384 4915836, carrefour avec le chemin qui se dirige vers le Col de Soubeyrand, nous continuons la piste azimut NW, et peu avant le terrain d’envol, au point 31T 685860 4916312, nous montons à droite dans le bois pour trouver une zone plane couverte de bosquets de buis en bonne santé.

Ce sera le lieu du pique-nique, à l’abri partiel du vent qui forcit un peu en cette mi-journée.

Nous reprenons notre marche en direction du pylône télécoms, sans avoir intention de l’atteindre puisque notre itinéraire nous dirige jusqu’au col d’Ambonne (alt. 1173 m), 400 m après le poteau directionnel « Le Tuve » (alt. 1230 m).

La descente s’amorce azimut SW jusqu’au point 31T 684957 4916275 (alt. 1090m). En ce point notre guide choisit le sentier rouvert par la commune du Poët, qui nous évite une descente sévère tout droit dans les courbes de niveau jusqu’au Poët-Sigillat. Ce chemin, repéré par des balises « règlementaires » de couleur jaune, peintes sur des tuiles, se fraye un passage dans les genêts et les chênes; attention, le franchissement du ruisseau, aujourd’hui à sec, au niveau de la « source de la Tuve » peut s’avérer délicat, surement glissant par temps de pluie.

Au point 31T 685558 4915787 (alt. 1004 m), nous retrouvons la piste qui nous a menés au Plan d’Aubre, et nous prenons la direction du village. Nous en sortons en longeant la station d’épuration, toujours par une piste confortable azimut SW, en passant par la Ferme des Prés, puis la Ferme de Serre-Curnier. Au point 31T 683703 4913875, nous contournons cette bâtisse par un sentier peu visible, qui s‘enfonce dans une zone boisée, nous retrouvons la D568, puis coupons un virage et continuons la descente dans le ravin de Peyrouse jusqu’à la D64. Il suffit de se laisser glisser jusqu’à Sainte-Jalle, non sans avoir admiré au passage l’église de style roman Notre Dame de Beauvert.

Nous avons marché pendant 5h21 à une moyenne de 3,5 km/h.
Si l‘on cumule les arrêts d’une durée de 2h41, la randonnée a duré 8h05, et la moyenne globale s’établit à 2,3 km/h.
La pente moyenne en montée est proche de 11,5% et 10,9% pour les descentes.

La cotation de l’indice d’effort sur le site de la FFRP est de 91, valeur qui caractérise une randonnée à la limite de difficile, en ayant toujours pour hypothèse « une préparation physique moyenne ».
Georges Thouard.

Compte-rendu :

Pas question de rester à s’ennuyer à la maison en ce beau jeudi matin de Février où le printemps semble avoir pris de l’avance… Peut-être s’ennuie-t-il dans son sommeil hivernal et frappe-t-il à la porte avant l’heure et que Vivaldi ne vienne célébrer son retour définitif au son de ses harmonies inoubliables ? Et, comme par hasard, Claude, metteur en scène du jour, fin connaisseur des Baronnies, nous emmène aujourd’hui à Sainte-Jalle, dans la belle vallée de l’Ennuye ! Bizarre, bizarre ! Vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre. Le scénario de la journée est pourtant très simple : nous monterons vers le Col d’Ambonne pour y déjeuner puis nous redescendrons à Sainte-Jalle. Claude, L’Homme Tranquille, sera assisté bien sûr de Francis, serre-file et régisseur de plateau.
Ambiance du jour : le fond de l’air est frais sous les platanes de l’Avenue… des Platanes. Hâtons-nous de démarrer notre périple, aussi les 32 Randouvéziens figurants de cette production inédite vont-ils s’élancer, comme un seul homme, les retardataires recolleront au peloton… Les ruelles du village qui aujourd’hui « se contente d’être un petit bourg tranquille qui fait la sieste au bord de l’Ennuye »(1), après ses années de splendeur au temps où il était la capitale du grenier des Baronnies, sont encore endormies. Le chœur de nos compagnes de route, habituellement sonore en début de journée, ne va-t-il pas réveiller en sursaut les paisibles habitants du village ?
Plagiant l’ineffable Sacha Guitry, Si Sainte-Jalle m’était contée, ainsi pourrions-nous commencer l’histoire. Et cette histoire ne fut pas aussi paisible que nous l’imaginerions. La peste de 1348 y décima les deux tiers des habitants. Les guerres de religion laissèrent ensuite beaucoup de traces sur ce territoire des Baronnies. Sainte-Jalle eut même son héros : Faulque Thollon-de-Sainte-Jalle, le catholique, ennemi déclaré du terrible Dupuy-Montbrun, du parti de la Réforme. La Révolution Française marqua son passage avec la destruction presque totale, en 1792, du château, tout comme ceux des alentours, Bésignan, Gouvernet, Saint-Sauveur, Aulan. Et, plus près de nous, pendant la Seconde Guerre Mondiale, le village subit les affres des troupes d’occupation allemande qui le mirent à sac lors de l’attaque du Maquis de la Fournache en Mars 1944.
Après ces épisodes douloureux, oserais-je intituler notre deuxième séquence La Douceur de Vivre, car, si les apparences sont parfois trompeuses, la  Dolce Vita ne paraît être la spécialité du village (à chacun ses plaisirs, direz-vous) ? Et pourtant, le Val d’Ennuye jouit d’une réputation de vallée heureuse. Si les Gorges profondes de l’Eygues sont remarquables par leur beauté sauvage, ce large bassin, quant à lui, n’en est pas moins attrayant avec ses pentes douces cernées de barres montagneuses, où vergers d’abricotiers et champs de lavande, vignobles et prairies voire champs de céréales se juxtaposent dans une belle harmonie. C’est un espace unique au cœur des montagnes baronniennes. Le pagus baginensis, tel est le nom latin du Val d’Ennuye, serait placé sous la protection du dieu gaulois Baginus (assimilé à Jupiter ?) qui a donné son nom à la montagne de la Vanige toute proche.
Ce paysage, nous l’aurons sous les yeux pendant toute la montée ininterrompue de la matinée. Nous pourrons en détailler à loisir la mosaïque, malgré une lumière un peu défaillante en raison d’une brume persistante qui nappe la vallée. Comment en vouloir à notre éclairagiste attitré, Phoebus, qui assure aux Baronnies un ensoleillement exceptionnel ? La Longue Marche, cette séquence en est une illustration, le casting est moins prestigieux mais on ne pourra pas prétendre que les acteurs sont restés « en dedans ». De nombreux arrêts permettront toutefois de récupérer ou de resserrer les rangs sur un itinéraire fait de pistes caillouteuses. Une halte sympathique au Poët-Sigillat dont le muret en face des toilettes est apprécié de nombreux randonneurs. Peut-être quelques postérieurs prestigieux s’y sont-ils posés ? Allez savoir… Il est des questions sans réponse qui laissent songeurs. D’aucuns, dans le groupe, osent même dire que ci-gît là… ? Qui ? Allez savoir…
Bon, il ne faudrait pas s’y endormir sur ce muret, la Grande Vadrouille n’est pas terminée, loin s’en faut, La Vie est Belle, allons de l’avant. Le mistral annoncé se met de la partie, rafraîchissant l’atmosphère, mais il en faudrait davantage pour nous décourager. Certes, cette montée interminable est un peu monotone…
Enfin une portion de sentier : Claude nous montre le chemin qui nous mènera au sommet et nous entreprenons la dernière escalade. A bout de souffle ? Non, mais nous avons déjà près de 900 mètres de dénivelée à notre actif, la pause du déjeuner sera la bienvenue. Oserais-je vous annoncer la Grande Bouffe : je sens que des images reviennent à votre mémoire … Je vous propose plutôt un Déjeuner sur l’Herbe, bien plus sage. Et nous voilà installés au ras du sol… sur l’herbe évidemment, à l’abri de buis bienveillants qui nous protègeront des bourrasques. Cette séquence aurait tendance à durer un peu, La Vie est un long fleuve tranquille dont il faut savourer les bons moments.
Attention, nous ne sommes pas encore au générique de fin : ce n’est pas le Repos du Guerrier, quand même !!! Retour sur le plateau : les acteurs ne sont pas vraiment en état d’assurer une version revisitée de La Horde Sauvage, mais on les sent bien disposés car l’essentiel des montées a été réalisé… La suite devrait être « cool ». Ô surprise, Claude est un maître du suspens ! Au bout d’un chemin de sangliers nous trouvons la neige. Pas assez pour jouer « Les Randouvéziens font du ski », certes. S’ensuit une descente rapide sur des sentiers caillouteux, passage dans les genets scorpions (Qui s’y frotte s’y pique !) et les églantiers. Arrêt au Col d’Ambonne, Francis en profite pour lancer le casting d’une prochaine production, le Trail Drôme 2019 (avis aux amateurs), avant que nous ne poursuivions jusqu’au promontoire d’où les maquisards surveillaient en 1944 les mouvements des troupes allemandes dans la vallée.
Les organismes commencent à souffrir. Madame le maire du Poët-Sigillat nous a indiqué à l’aller un sentier nouvellement ouvert possible pour rejoindre le village. Le balisage en est pour le moins original ! Allons donc sur cet itinéraire, L’aventure c’est l’aventure ! Ainsi rejoindrons-nous Le Poët par ce sentier en balcon qui nous réserve encore de belles perspectives… Nouvel arrêt sur le muret !!! (Je suggère à la municipalité d’y instaurer un droit de stationnement). Reste à rejoindre Sainte-Jalle maintenant.
La piste, à nouveau, nous ramènera vers le point de départ par un itinéraire différent : ce n’est pas L’itinéraire d’un enfant gâté car il nous semble que nous avons rallongé un peu le circuit prévu. Dis-donc, Claude, Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, tu rajoutes des kilomètres en douce !... Ferme des Prés, Ferme de Serre Curnier, La Grangeonne, où le sentier au milieu des marnes ouvre de belles perspectives vers Saint-Sauveur… A Vendhomme (Touchez pas au grisbi !), nous longeons des parcelles de vignes : ce ne sont pas Les vignes du seigneur, elles mériteraient un peu de soin. La file des marcheurs s’étire en longueur. La Condamine : le bitume résonne enfin sous nos pas, Sainte-Jalle n’est pas encore en vue mais le clocher de Notre-Dame de Beauvert nous apparaîtra bientôt. Terre, terre ! cria la vigie de la Santa Maria quand elle aperçut les côtes du Nouveau Monde après deux mois de traversée. Plus prosaïquement, je soupçonne que l’image d’une belle mousse a dû s’imprimer dans le cerveau d’un certain nombre d’entre nous en apercevant ce bel édifice.
Retour sous les platanes. Les chevaux vapeur commencent à rugir pour repartir à l’assaut du Col d’Ey et rejoindre Buis où nous attendent de délicieux breuvages… La Première Gorgée de Bière est sûrement l’oeuvre de notre littérature contemporaine préférée des Randouvéziens.
Merci à Claude de nous avoir menés avec sa bonne humeur coutumière pour ce parcours physique. Personne pour dire : « Si j’aurais su, j’aurais pas venu !». Et s’il faut une morale à l’histoire : Les croulants se portent bien.
THE END… Pardon, je m’égare : FIN.

Gérard LANGLOIS.

(1) Patrick Ollivier-Elliott ; « Les Baronnies, mode d’emploi d’un fragment de Paradis » - EDISUD , 2007.