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VENTOUX SUD - LES JAS

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Date : 28/11/13 Difficulté : Moyenne
Accompagnateur : G. Biojoux Coordonnées UTM :  
Participants : 22 Départ : 31T 678000 4888530
Longueur : 17 km Pique Nique : 31T 679294 4891222
Dénivelée : 1015 m Autres :  
Carte IGN TOP 25 n° :

3140 ET

Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 39S

 

Commentaires techniques :

Départ au lieu-dit " Les Fébriers " au NE du hameau " Les Baux ". Remonter la Combe d’Ansis azimut 65° jusqu’au poteau  " Guibert ". Prendre à droite direction le " Massif des Cèdres ", traverser 2 fois l’ancienne route et marcher azimut 57° jusqu’au " Jas du Mourre ". Suivre le GR 91B direction N pour atteindre le " Jas de la Couanche ".

Continuer l’ancienne route sur 250 m direction NW, jusqu’au point 31T 681215 4890878 alt. 1143 m, carrefour avec la " Combe Fiole ". A ce point, suivre direction N, le GR 91B qui s’incline direction NW pour atteindre le " Jas du Toumple ". Encore 1,9 km sur le GR 91 B pour s’arrêter au " Jas des Landérots " (31T 679294 4891222). 

Parmi les diverses possibilités pour retourner à Bédouin, aux Fébriers, Sainte-Colombe, etc…, notre guide prend la direction du "Jas de Pié Gros ", où nous laissons le GR, au profit d’un PR qui descend azimut 220°, en dominant la " Combe de Bouisse " à l’est, jusqu’au " Grand Replanas ". Nous trouvons le GR 91 que nous suivrons SE, traversée du lieu-dit " Les Colombets ", encore environ 1 km pour arriver au parking.

Georges Thouard

 

Compte-rendu :
Quel beau matin d’hiver ! Il fait froid et, de la route qui nous mène à notre point de rendez-vous, le soleil qui illumine le sommet du Mont-Ventoux et sculpte les ondulations d’un vert sombre formées par les nombreuses combes et ravins du versant sud du Géant de Provence enchante les yeux quand il ne nous éblouit pas au sortir d’un virage ! C’est aux Fébriers, dans le Hameau des Baux (du nom du Seigneur Barral des Baux, voir la randonnée à la Combe Obscure) à Bédoin, que se retrouvent les exécutants d’une symphonie pastorale que Gérard va conduire avec sa maîtrise habituelle (aïe, aïe, aïe, ses chevilles risquent de ne pas tenir pour l’ascension !).

L’ensemble n’est composé aujourd’hui que d’une vingtaine de Randouvéziens, car l’orchestre n’a pas pu se déplacer en totalité ce matin malgré la qualité de la partition et nous n’aurons que les virtuoses de la semelle Vibram. Le circuit des Jas est un grand classique qui se doit d’être repris de temps en temps car c’est un chapitre de l’histoire du Ventoux que l’on redécouvre toujours avec plaisir, celui du pastoralisme qui a marqué l’économie rurale de la région.

En prélude, quelques foulées d’échauffement jusqu’au poteau marquant le bas de la Combe d’Ansis (506 mètres) vont permettre de mettre les muscles en condition. Remarquons au passage les beaux mollets de Clément au galbe puissant gainé de belles chaussettes dont le vert cru assorti d’un violet épiscopal force l’admiration des dames. Quel cabotin ! Les choses sérieuses commencent et Gérard donne le la pour attaquer cette combe qui respire la sérénité au milieu d’une végétation dense faite de nombreux chênes et que la neige a déjà agrémenté d’une fine couche. Pour lancer ce premier mouvement, deux solistes donnent le ton et la montée est exécutée sur le mode allegretto.

Au passage, les plus curieux auront remarqué quelques beaux rochers posés comme d’énormes dés au bord du chemin. Le premier jas qui s’offre à notre curiosité est situé au pied d’une paroi creusée par l’érosion que  les hommes ont fermée pour y créer un enclos destiné à parquer leurs troupeaux. Un peu plus loin, c’est la trace d’une charbonnière. Au poteau de Guibert (841 mètres), nous allons faire une petite pause pour nous remettre à l’unisson, quelques douceurs nous y aideront.

Notre Karajan relance bientôt la progression et après cette petite transition s’engage sur une montée un peu plus raide qu’il convient d’attaquer adagietto car nous ne sommes pas encore au bout du chemin. Et les premiers rayons du soleil commencent à percer la cime des arbres comme une lumière d’encouragement à cette vaillante troupe. La couche de neige est devenue un tapis confortable à l’arrivée sur la piste forestière que nous allons emprunter larghetto sur quelques dizaines de mètres. La végétation du départ a changé et nous traversons alors la Cédraie où de beaux cèdres de l’Atlas, dont certains remontent à l’époque de la replantation du massif qui fut entreprise au XIXème siècle. La lumière donne vie et grâce à ces géants.

Le Jas du Mourre (1041 mètres) sera la prochaine étape de ce circuit : c’est la fin du premier mouvement de la symphonie et cela mérite un temps d’arrêt que Gérard, en bon pédagogue soucieux de ne pas nous laisser ignorants (non, je n’ai pas dit idiots !), met à profit pour nous révéler tout sur les jas, du latin jassium, lieu où l’on est couché. Ces bergeries, au nombre d’une soixantaine, alors que l’on n’en comptait que 23 à l’époque napoléonienne, étaient utilisées au rythme des saisons. Elles montrent l’importance du pastoralisme sur les  pentes du Ventoux pendant plusieurs siècles. Il n’y a plus, désormais, qu’une famille de bergers avec un cheptel de plusieurs milliers de moutons.

La préservation de ce patrimoine est une nécessité dont s’occupent quelques passionnés au sein d’associations. Le Jas du Mourre, où nous faisons halte, a été en partie remis en état de cette façon par l’APARE (Association pour la Participation et l’Action Régionale). D’autres sont en cours de restauration, mais la tâche est immense… C’est reparti pour la découverte des bergeries suivantes qui jalonneront le parcours comme autant de stations (nous sommes loin du métro que certains citadins repentis ont abandonné sans regrets).

Deuxième mouvement, con allegrezza, heureux d’un savoir tout neuf, dirigeons nous vers le Jas de la Couanche par ce beau sentier enneigé sur lequel il faut toutefois prendre quelques précautions pour ne point glisser : les petites descentes peuvent s’avérer traitreuses ! Conversations amicales et beauté du lieu se conjuguent pour un moment de douce harmonie, à croire que Beethoven nous a rejoints en pensée : « … Quel plaisir alors de pouvoir errer dans les bois, les forêts, parmi les arbres, les herbes, les rochers. Personne ne saurait aimer la campagne comme moi… » (Lettre à Theresa Malfatti). Point n’est besoin de nous attarder à La Couanche (1142 mètres) où le poteau nous oriente vers la Combe Fiole : n’y aurait-il pas un signe nous alarmant que l’heure du repas approche ? Le Ventoux, brillant et majestueux, paraît tout proche.

Poursuivant, allegro ma non troppo, ladite combe est franchie sans états d’âme et, dans la trace de nos solistes… qui nous emmènent sur une autre partition ! Rappel du chef dont la vigilance est toujours en éveil et l’on reprend quelques mesures en arrière… Nouvelle fausse route… Ni vu, ni connu,  Gérard connaît l’art de l’improvisation et nous irons au but car la piste que nous prenons, quasiment parallèle au GR, nous mènera néanmoins au Jas de Toumple (1285 mètres), par le Vallon de l’Enrageade, où nous attend un joyeux moment de convivialité randouvézienne.

En effet, trois de nos gracieuses compagnes fêtent une année supplémentaire à leur parcours… Allez, on boit, posez les musettes ! (chant de Noël bien connu). Les choses ayant été bien préparées par ces mains féminines, con delicatezza, nous passerons un intermède agréable, bien installés devant le jas, sous un soleil radieux, les pieds dans la neige. Fioles, flacons, amuse-bouches, gâteaux, café, pousse-café, tout y est ! La culture n’est pas incompatible avec les nourritures terrestres.

Abuser des bonnes choses serait péché et la route est longue… Retour sur le GR, nouvelle attaque, un poco piano, sans faiblir, les jambes frémissent sous l’effort, le souffle met du temps à reprendre le rythme. Dirigeons nous vers la prochaine station, le Jas des Landérots en passant par le Jas de Baumasson : bref coup d’œil à la citerne. Malgré une brume légère qui enrobe le paysage, de belles échappées nous font découvrir la vallée et les montagnes lointaines et oublier l’intensité de l’effort. La descente est déjà amorcée, même si les courtes montées se succèdent encore pour franchir ces combes si caractéristiques des pentes du Ventoux.

Parvenus au Jas des Landérots (1005 mètres), le choix s’offre à certains d’entre nous de rejoindre directement Les Colombets. Les autres poursuivront jusqu’à Pié Gros en passant par les Vallons de Cabriolas et de Teyssonnières pour découvrir le dernier des jas de notre circuit, avant d’entamer une longue descente d’abord par un sentier agréable d’où l’on peut découvrir les belles parois abruptes de la Combe de Bouisse puis par une piste plus large mais rocailleuse sur laquelle les pieds souffrent un peu et qui nécessite une certaine vigilance, d’autant plus que le soleil blanc de l’après-midi tend à nous aveugler. Inutile de préciser que ce retour se fera donc moderato et parfois même doloroso pour les orteils soumis à cet exercice souvent pénible… mais on ne peut accéder à l’extase des sommets sans penser à en redescendre !

Ouf ! Le Grand Replanas (442 mètres) marque le terme de  la descente et il ne nous reste plus que deux petits kilomètres, qui nous obligent encore à quelques efforts pourtant, afin de rejoindre nos véhicules. Certes le final ne sera pas flamboyant mais nous aurons au moins le sentiment d’avoir joué une belle partition aujourd’hui qui justifie quelques applaudissements à notre chef d’orchestre… et un bon rafraîchissement que nous prendrons à Malaucène étant donné l’accueil reçu à Bédoin la dernière fois que nous y sommes venus.

G. Langlois

Photos :  Ph. Jouffroy.

 

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